Paris-Versailles 2010

Dimanche, j’ai couru mon second Paris-Versailles et comme la première fois, j’ai pris un pied d’enfer. Cette course est vraiment formidable et si je devais n’en courir qu’une seule par an, nul doute que ça serait celle-là.

Retour en arrière

Affiche du Paris-Versailles 2010Comme l’an dernier, ma participation est totalement prise en charge par mon boulot qui,  en plus de nous offrir l’inscription, nous offre un super maillot technique tip top qualité avec un tout petit marquage discret qui n’empêche pas de le reporter après et, surtout, nous réserve un accès dans le sas VIP, juste derrière les élites, qui nous permet de ne pas avoir à faire la queue. Généralement je suis plutôt pour l’abolition des privilèges mais là, non. J’avoue, j’assume.

J’arrive donc peinard au pied de la tour Eiffel vers 9h30 et me dirige vers la ligne départ en cherchant un accès à ce fameux sas que je ne trouve qu’après 10 minutes de recherche un peu stressantes puis je rejoins mes collègues pour attendre tranquillement dans la fraicheur du matin que le départ soit donné.

Mon pote Laurent (qui du coup, court sous le même maillot que moi) n’est pas là, il n’a pas du trouver l’entrée magique. Je me laisse absorber par mes souvenirs de l’an dernier, occupé à repenser le parcours et recalculer mes temps de passage lorsque le coup de pistolet me sort de ma torpeur.

C’est parti, je passe la ligne de départ seulement quelques secondes après les élites et me range sagement sur la droite pour ne pas gêner les coureurs pressés des premières vagues, qui ne vont pas tarder à s’élancer. De toute façon, ce n’est pas aujourd’hui que j’irai inquiéter les champions mais je me surprends à devoir quand même slalomer un peu et à doubler quelques coureurs qui déjà ralentissent. Laurent me passe sous le nez comme une fusée et me lance un « on se retrouve à l’arrivée » un brin narquois qui m’arrache un sourire. En même temps, la dernière fois qu’on a couru ensemble, il m’a quand même mis pas loin de 40 minutes dans la vue. Ça calme.

MiklcAujourd’hui, mon objectif à moi n’est cependant pas de le rattraper mais plus raisonnablement de faire mieux que l’an dernier soit moins d’1h29.

Sur le Paris-Versailles, le temps que l’on perd au début, on ne le rattrape jamais. Je décide donc de courir les six premiers kilomètres à un rythme soutenu, ce qui pour moi qui n’ai jamais réussi à courir un 10 km en moins de 50 minutes donne du 12km/h. Je pars trop vite, comme toujours, et avale le premier kilo en 4’37 et passe le second en 9’44. Je ralentis légèrement et passe le 3e en 14’41 et trouve le bon tempo. Bien calé sur mon allure 10 km, j’enchaîne les bornes et passe au 6e en 30’01 ce qui, soit dit en passant, est probablement mon meilleur début de course, toutes distances confondues. Ça, c’est fait !

Puis ça y est, nous y sommes. La voila qui se profile, la vilaine, la perfide, la redoutée côte des gardes. Ça ne le fait pas autant que l’an dernier car rien ne remplace une première fois, mais ça le fait bien quand même. Je l’attaque prudemment, humblement et adopte l’allure que j’ai travaillée à l’entraînement et arrive à maintenir la cadence pendant… 3 minutes. C’est toujours ça de pris. À bout de souffle, j’hésite entre un trot minimaliste et une belle marche rapide. J’opte pour la marche et m’aperçois qu’en poussant fort et en balançant bien les bras, j’arrive à grimper aussi vite que la plupart des coureurs, tout en reprenant mon souffle. Je recours sur le plat et j’attaque la seconde partie dans un état de fraicheur tout à fait acceptable. J’alterne marche et course jusqu’à la troisième partie, la plus dure pour moi cette année, que je finis de monter sur le trottoir à moins de 6 km/h puis ça y est, s’en est fini de cette fichue côte.

J’attaque la partie plate à une allure correcte tout en récupérant de la montée et entame la descente plutôt à l’aise dans mes baskets. L’an dernier j’avais perdu du temps dans cette longue descente. Je ne m’y étais pas préparé et je n’avais pas osé lâcher les chevaux. Cette année, on m’là fait pas, j’ai fait plein de montées / descentes et je me suis entraîné à maintenir une allure très rapide en descente pendant plusieurs minutes. Je mets donc un gros coup de turbo qui me permet de doubler beaucoup de monde et j’avale le kilomètre de descente en moins de 4 minutes, ce qui me permet de rattraper le temps perdu dans la fin de la montée.

Je traverse ensuite le bois de Meudon sans forcer car je commence à craindre d’exploser en vol si je ne calme pas le jeu. Après un bref calcul, je me rend compte que même en finissant en footing, je suis assuré de faire mieux que l’année dernière et je décide donc de ne pas tenter le diable et de contrôler ma vitesse pour en garder sous le pied pour le faux plat de Versailles. Les kilomètres s’enchaînent, il n’en reste plus que deux, les deux plus difficiles et mon chrono indique 1h14. J’hésite. Est-ce que ça vaut le coup de me mettre en mode agonie comme sur un 10 km pour tenter de faire 1h25 ?

Arrivée du Paris-Versailles 2010

L’arrivée sur l’avenue de Paris m’aide à me décider. Le vent s’est engouffré dans cette double avenue très large et le peloton est si clairsemé qu’il est impossible de s’abriter derrière un plus grand. Je sens la fatigue s’insinuer, la peur de ne pas réussir à faire un joli chrono après un si bon début de course me paralyse. Je cours le 15e kilo en 6 minutes puis voit enfin l’arche se profiler. Je monte très légèrement l’allure, serre les dents et passe la ligne en 1h26 avec la banane. Quel bonheur que le passage de cette ligne d’arrivée, le soleil, le château en face de moi et la satisfaction d’avoir amélioré mon temps de plus de 3 minutes avec surtout la certitude d’avoir passé un cap, celui du milieu de course. Enfin.

Comme l’année dernière, un scout me remet un sac rempli de victuailles (moins copieux que l’an dernier cependant), la traditionnelle médaille qui comme chaque année est absolument superbe et je me dirige vers la sortie. Seule ombre au tableau, je m’aperçois que nous n’avons pas convenu d’un nom de ville pour se retrouver et mes recherches dans la foule pour retrouver Laurent (qui est arrivé 9 bonnes minutes avant moi, comme prévu) restent infructueuses.

Quelques heures plus tard les résultats tombent : je finis très officiellement à l’honorable place de 8486e sur 18942. On trouvera toujours quelqu’un pour me faire remarquer qu’avec une 8486e place, il n’y a pas de quoi pavoiser, mais quand je repense au moi d’il y a cinq ans, mettant un bon quart d’heure à reprendre son souffle après avoir hissé son quintal jusqu’au 6e étage, un jour de panne d’ascenseur, puis que je regarde Django Reinhardt et sa guitare, gravés sur ma médaille et pendouillant fièrement autour de mon cou, je ne peux empêcher un sourire un peu niais de poindre sur mes lèvres. La course à pied, c’est bien aussi pour ça.

Vivement l’année prochaine!

Di