Les foulées noiséennes 2011

Il y a 15 jours tout juste, je m’alignais sur le 10km de Paris 19e en touriste et sans grosse préparation et y faisait mon meilleur chrono depuis quatre an, améliorant même la marque de l’an dernier d’une minute complète. Affiche foulées noiséennesJe me fis alors la remarque que j’étais plutôt en forme et que c’était l’occasion de me tester sur un 10km normal (comprenez plat et roulant) et pourquoi pas en finir avec ce vieil objectif de descendre sous les 50 minutes ou tout au moins battre mon record personnel sur la distance vieux de trois ans et égalé il y a près d’un an et demi à Vincennes sur le 10km le plus plat de la région.

En épluchant les calendriers des courses, je tombe donc sur les foulées noiséennes, qui en sont déjà à leur 8e édition, qui se courent à deux pas de la maison à une date tout à fait compatible avec mon emploi du temps de ministre et au prix défiant toute concurrence de zéro euro tout compris. Je m’inscris donc sur Internet et cale la date dans mon agenda. En guise de préparation, les 300 bornes de vélo prévues en début de semaine devraient suffire, sous réserve d’y ajouter un petit footing le jeudi, ce qui fut fait d’autant plus aisément que ce jeudi là était férié. Royal non ?

Après un solide petit déjeuner, me voila donc sur mon vélo en train de défier les lois de la pesanteur dans l’immense descente qui relie mon chez moi à la place principale de Noisy-le-Sec. Arrivée sur place je remplis un bon d’inscription car l’inscription Internet n’a pas fonctionné puis dépose mon barda au vestiaire après avoir solidement cadenassé mon fidèle destrier à un poteau qui traîne là opportunément. La vitesse à laquelle je fais mon inscription et la taille du vestiaire, grand comme ma cuisine, m’intriguent au plus haut point. Je commence  à réaliser que je ne me suis pas tellement renseigné sur le nombre de participants, ni sur le parcours d’ailleurs et le fait qu’aucun des trois clampins qui s’échauffent sur la place n’ait un dossard qui dépasse le numéro 80 commence à m’inquiéter un peu. C’est qui qui va encore se retrouver au fond du peloton ? me demande-je alors, sans savoir que c’est plutôt au fond du trou que je vais me retrouver dans moins de deux heures mais n’anticipons pas.

L’ambiance est détendue, un énorme thermos de café traîne sur un muret en libre service, les flics déconnent avec les organisateurs, les secouristes sourient en installant leur Snoogs mais d’un coup, le speaker très en verve, se mets à parler sans discontinuer et nous annonce un parcours scabreux (sic) avec des virages très étroits, des faux plats , des côtes , bref des chronos médiocres en perspective et je commence à très sérieusement me demander ce que je suis venu faire dans cette galère. La course enfants part et arrive puis après avoir un peu poireauté sur la ligne de départ, le maire de Noisy lâche les fauves d’un coup de pistolet.

Ça part vite en descente, trop, et comme d’habitude, je gère très mal mon euphorie du départ et réalise un premier kilo en 4’30 puis un second à peine plus lent pour passer le deuxième kilomètre très en avance mais déjà dans le rouge comme sur l’Odysséa où je m’étais cramé en trois kilomètres. Comme à l’Odysséa, il fait une chaleur de plomb mais contrairement au bois de Vincennes, la ville de Noisy-le-Sec ne doit pas avoir une seule rue plate et c’est un enchainement de montées descentes entrecoupées par des virages en aiguille qui sont un vrai supplice. Le tour de stade au 4e kilomètre puis la longue descente permettent de souffler un peu mais j’ai laissé beaucoup de force dans cette première partie de course que je boucle en moins de 25 minutes malgré tout, étant, en théorie idéalement placé pour faire enfin moins de 50 minutes et battre mon record.

Sauf que… non. C’est vraiment, trop, trop un parcours pourri car à peine reparti de la place, il faut recommencer à grimper et ma vitesse baisse inexorablement. La moitié du peloton étant engagé sur seulement 5 km, je suis désormais seul au monde et je repense à Valognes il y a 2 ans et vraiment, à ce moment là, la course à pied, j’en ai plein le dos.

Mais bon, un coureur pointe le bout de ses baskets au loin dans mon retro et me remonte inexorablement puis me double. Je m’accroche à ses semelles pour ne plus jamais les lâcher. S’ensuivent 4 kilomètres de pure souffrance, à essayer de remettre un petit coup de turbo à chaque fois que ma vitesse baisse trop avec comme seule motivation d’accrocher ce foutu record. Je marche à trois reprises pour essayer de faire baisser un peu mon palpitant qui cogne comme une batucada dans un ascenseur et la dernière montée est finalement avalée. Je parviens au prix d’un effort surhumain (évidemment que j’exagère mais je fais ce que je veux, c’est MON blog) à rejoindre le coureur qui m’a servi de mire, il nous reste un kilomètre, lui aussi vise les 50 minutes et la place centrale est en vue mais il va falloir zigzaguer entre les gamins, les coureurs déjà arrivées et les passants. La montre indique finalement 50’30 quand nous tournons enfin sur la place, il me reste 11 secondes, 11 foutues secondes, nous sommes côtes à côtes et… merde, c’est foutu, nous passons la ligne en 50’50. Pas de record perso, pas d’entrée dans le club pas du tout fermé des moins de 50’ (la plupart de mes potes tournent en moins de 45’) et pas loin non plus de l’évanouissement mais en ayant tout de même signé un temps honorable compte tenu du parcours et en tout état de cause mon meilleur chrono sur 10km depuis un an et demi.

Épilogue

Si vous avez suivi, vous vous souvenez sans doute que je suis parti en vélo et que la route qui relie les Lilas à Noisy-le-Sec est une immense descente de 3 kilomètres qu’il a donc fallu remonter. J’aime autant vous dire qu’à 11 km/h sur mon biclou avec mes runnings orange fluo un T-Shirt bleu saphir  moulant à souhait (c’est ça quand on arrive à la fin, y’a plus que du M), je suis bien content d’avoir croisé personne sur la route !

Sacré semaine quand même…