20 km de Paris en mode balade

Les promeneurs du Champ-de-Mars

Affiche 20km de ParisMe voila donc aligné sur mon premier 20 km de Paris. Je m’y étais inscrit il y a quelques mois, sans entrain, m’y rabattant après avoir loupé les préinscriptions de Paris-Versailles (ces deux courses sont prises en charge par mon boulot) et avant de m’être décidé à courir le marathon de Vincennes qui à lieu dans trois semaines. Finalement, j’ai tout de même couru Paris-Versailles à bloc il y a deux semaines et il n’est donc pas question d’enchaîner ce 20km à fond les manettes car le marathon se rapproche à grands pas et qu’il va falloir en garder sous le pied.

Je décide donc de courir un ton en dessous de mon allure semi et donc, de courir les 17 premiers kilomètres à allure marathon puis d’accélérer éventuellement sur les trois derniers. Officiellement, il s’agit de tester mon allure et mes temps de passage. Officieusement, il s’agit surtout de me rassurer car je garde un très mauvais souvenir des trois derniers kilomètres de mes trois derniers semi-marathons.

Entre temps, je découvre grâce à la magie de Facebook que Philippe, valeureux vo sinh avec qui je pratique le vovinam est déjà marathonien et qu’il va également courir Vincennes. Lorsque je lui parle des 20 km de Paris que je compte courir dans le cadre de ma prépa, les inscriptions sont closes. C’est donc lui qui hérite du dossard vétéran femme et du prénom féminin sous lequel j’ai couru Paris-Versailles il y a quinze jours (ben oui, faut suivre, c’est un blog compliqué, si vous ratez un récit, après vous comprenez plus rien).

Vendredi, après avoir traversé Paris à tout berzingue en vélo, je récupère nos deux dossards et découvre, un brin dépité, que les hommes et les femmes ont des dossards de couleur différente. Hum. Difficile de passer inaperçu avec ça, Philippe sera bon pour son petit passage au village pour régulariser, ce qui lui permettra de courir sous son vrai nom. Le veinard.

C’est dimanche et il pleut

Nous voila donc dans la queue du peloton, moyennement motivés il faut bien le reconnaître car l’ambiance est tout de même un petit peu plombée par le temps exécrable de cette matinée automnale.  Il pleut, il caille, il fait gris et cette aimable ballade dans Paris perd un peu de son attractivité. Nous nous plaçons en fin de cortège puisque nous n’avons évidement aucune prétention chronométrique et que nous sommes venus là en promeneurs. Histoire de se réchauffer nous pensons à l’été et soupesons l’opportunité de faire ou de ne pas faire le triathlon de Paris car tout de même, les 1500 mètres de natation entre les Invalides et le pont d’Iéna (où nous nous trouvons à ce moment là justement) nous semblent tout de même un peu too much mais c’est une autre histoire.DépartLe départ est donné à 10h pile mais rien ne se passe pour nous qu’une marée humaine sépare de la ligne de départ et nous continuons donc à servir d’éponge aux nuages gris qui nous abreuvent jusqu’à plus soif d’une bruine franchement pénible.

Nous avançons centimètre par centimètre pendant un petit quart d’heure avant de passer enfin la ligne de départ. Le parcours a la particularité de commencer directement par une montée, pas vraiment vilaine mais tout de même pénible en guise d’échauffement. Philippe part en trombe et je peine à le suivre car je ne veux accélérer sous aucun prétexte. J’ai bien l’intention de faire cette course à allure marathon et je me maintiens donc aux alentours de 10,5 km/h. Le premier kilo est avalé trop vite, le second encore plus vite et nous avons déjà 1’25 minute d’avance sur mes temps de passage marathon (6 minutes au kilomètre pour faire simple). Je propose à Philippe de filer et de me laisser courir moins vite mais il préfère m’accompagner et lever le pied. Nous trottons ainsi en papotant en maintenant une allure à peine plus élevée qu’un footing en endurance qui nous convient parfaitement mais je dois quand même freiner les ardeurs de mon acolyte qui profite de la moindre montée pour accélérer et essayer de me semer 😀 Après un petit temps de calage, nous voila parfaitement synchros et nous engrangeons les kilos en continuant à discuter en veillant à ne pas repasser en endurance mais à bien rester en légère résistance et en surveillant bien les temps de passage qui sont d’une régularité sidérante. Nous conserverons d’ailleurs notre minute 45 d’avance jusqu’au 18e kilomètre.

La joie des courses populaires

Les courses à 20 000 participants, on aime ou on n’aime pas. Moi j’aime. Mais c’est vrai que dans le lot, y’a forcément la même proportion d’abrutis que partout ailleurs. Le premier ravito est l’occasion de le vérifier avec toutes sortes de comportements tout à fait incivils de quelques énergumènes qui jouent les gros bras. C’est sans compter la maîtrise parfaite des coups de coude 1 à 4 que nous mettons en œuvre afin de protéger nos vies et d’accéder à notre gobelet d’eau. Certes, vu les conditions climatiques, il n’est pas du tout indispensable à ce niveau de la course mais je tiens à me placer dans les mêmes conditions qu’au marathon où il ne sera pas question de louper un seul ravito.

Le ravito du dixième kilo offre le même spectacle désolant de quelques imbéciles agacés par l’afflux de touristes devant les tables de quarts d’orange. Une espèce d’orang outan essaye même de me percuter, sans doute pour me donner une bonne leçon car je suis en train de chipoter dans les cartons à la recherche d’un quart d’orange n’ayant pas encore été rongé et recraché, mais comme je suis à l’arrêt et qu’on ne déplace pas 87 kilos de carbone comme ça, il manque de se casser la figure. L’idée me traverse l’esprit d’accompagner son déséquilibre d’un discret balayage, mais j’opte pour un regard mi narquois, mi affligé et le regarde reprendre sa route en grommelant en me disant que, vraiment, y’a des coups de pied au c… qui se perdent.

Après que Philippe ait mis en œuvre une autre technique de vovinam : l’esquive par glissade avec finition en chute sur le côté (c’est très dur à faire, les enfants n’essayez pas de reproduire cette technique à la maison) au cours d’une petite cascade assez spectaculaire visant à éviter de tuer sur le coup, par percussion directe, un couple de parisiens qui passaient par là et n’avaient visiblement pas remarqué les 13 000 coureurs qui nous précédaient, nous revoilà sur les quais de Seine qui nous offrent le spectacle peu banal de la Dame de fer dans la brume. Magnifique. Cette petite balade bucolique se passe donc comme un charme et il faut attendre le 14e kilomètre pour commencer à sentir les premières traces de fatigue mais rien à voir avec mes semis marathons. Au 15e kilo, l’enchainement de tunnels nous fait perdre un peu de temps, d’autant que les ravitos ne sont vraiment pas faciles à atteindre et que nous avons déjà à plusieurs reprises été obligés de marcher voire de piétiner. C’est plus une course, c’est une manif 😛 C’est un peu chiant, mais un peu seulement car là encore, on sait à quoi s’en tenir quand on s’inscrit sur ce type de course.

Attrape-moi si tu peux

16e kilomètre, pas question de s’emballer et de partir comme des dératés même si ça démange un peu Philippe. Nous décidons de bien maintenir la cadence sans accélérer car c’est à cette distance que les choses sérieuses commenceront le 30 octobre. Et donc ? Ben… rien ! Pas de crampes, pas de lourdeur, les abricots séchés du 15e kilo nous ont requinqués et nous continuons à être suffisamment frais pour pouvoir discuter sans être hors d’haleine. Tout se passe bien. Au 18 e kilo, nous hésitons encore à lâcher les chevaux, hésitation qui  durera jusqu’à l’approche du 19e. À un kilomètre cinq cent de l’arrivée, Philippe me lâche et part seul devant. Je le regarde partir mais j’ai de très bonnes sensations et je décide donc d’accélérer.Arrivée festive Je remonte le peloton qui semble beaucoup souffrir et je suis surpris de voir l’arche d’arrivée se rapprocher (hé oui ce n’est pas un semi, après le 19e kilo il y a l’arrivée). J’accélère fort à 300 mètres de l’arrivée histoire de gratter quelques secondes pour ne pas être trop loin derrière Philippe qui de son côté se débat avec un vilain point de côté et me regarde finalement passer devant lui et filer vers la ligne d’arrivée qu’il passera 15 petites secondes après moi. Nous finissons donc frais comme des gardons, en 1h57 pile pour ce qui me concerne, ce qui permet d’envisager la fin de la prépa marathon sereinement. D’autant que l’entrainement reprend dès demain.

Objectif atteint donc avec ce 20km bouclé tranquillou et sans encombre. Côté classement, évidemment, ça ne frôle pas les cimes. Nous finissons dans le fond du deuxième tiers, respectivement 13 369e et 13 494e sur un peu plus de 21 000 coureurs.

Alors bien sûr, je sais ce que vous vous dites. Tout ça pour ça ? 10 minutes de lecture pour un banal footing du dimanche matin ? Pas de larmes, pas de sang ? ben… nan, mais des larmes, de la sueur et de la douleur, y’en aura dans trois semaines, ça c’est certain, alors rendez-vous le 30 octobre pour de nouvelles aventures.