Semi-Marathon de Valognes 2009

Mais que diable était-il allé faire dans cette galère ?

Sur la ligne de départ

Quelle drôle d’idée pour un Parisien que d’aller se perdre au fin fond du Cotentin pour courir son 1er semi-marathon.

Initialement je devais courir le semi de Paris mais il tombait mal dans mon planning déjà pas mal saturé par mes autres activités sportives et en particulier un stage d’arts martiaux de 2 semaines au Vietnam en février.

Après avoir passé quelques soirées à m’énerver sur le dit planning pour arriver à caser un plan d’entraînement de 6 semaines dans tout ce bazar, le semi de Valognes tombait pile poil. Juste entre les deux semaines de vacances scolaires, à 10 bornes de mon lieu de vacances préféré et avec un profil « roulant » à en croire le club qui l’organise. Roulant qu’y disaient…

Côté préparation, j’ai pris un plan d’entraînement trouvé dans un magazine que j’ai eu un mal fou à suivre. Pour (mal) commencer, je suis rentré d’Asie vidé. J’ai mis près de 10 jours à me remettre de ce voyage. Ensuite, j’ai du foirer un truc dans ma semaine de réadaptation car dès la 1ère semaine du plan, j’ai eu une douleur très vive à la jambe qui m’a empêchée de courir une semaine. Je n’ai donc pu suivre le plan que sur les 4 dernières semaines et sans pouvoir respecter les durées des sorties longues, ce que je payerai pendant le semi.

C’est le jour J

Après une très mauvaise nuit (mais ça j’y suis habitué) et une journée d’attente (je n’aime pas les courses l’après-midi), je me présente à la salle pour récupérer mon dossard et fais bien malgré moi mon Parisien de service en lançant candidement un « où est la puce ? » quand la bénévole me tend seulement un dossard. J’ai droit à un truc du genre « houlà mon bon monsieur mais on n’en est pas là ! » Pas de puce donc, ici c’est à l’ancienne avec un bénévole sur le bord de la route qui crie de temps en temps les temps de passage et à vrai dire c’est aussi bien comme ça.

Après quelques péripéties pour trouver le départ qui se fait un kilomètre plus loin dans la pampa, je m’aligne au milieu d’un tout petit mais alors tout petit groupe de coureurs. J’ai un peu l’impression d’être un imposteur dans une fête de famille car tout le monde à l’air de se connaître. Impression renforcée par le speech de départ qui tiendra en une phrase : « bon les gars c’est comme l’an dernier, vous partez pour 3 boucles » et pan, le départ est donné à 15h pétantes.

Attention au départC’es parti, ça part à fond les gamelles, plus vite que mes 10km parisiens car on part du sommet d’une côte, et me voila dans la descente à 14km/h, calmos Mimi si tu cavales comme ça t’es mort dans 10 minutes. Je me cale donc sur mon allure travaillée à l’entraînement et … je me retrouve tout seul au bout de 2 minutes. Le train m’est passé dessus, me voila seul au monde avec un V5 (voir 6) qui lassé de mon rythme finira par me larguer au bout d’un km. Les boules, graves ! Personne devant, personne derrière. Pourtant je cours, hein, je ne marche pas, le cardio m’annonce du 170 et du 10/11 Km/h donc pile ce que j’avais prévu, alors bon tant pis je vais faire ma course quand même, mais seul face au vent normand. Je reste donc sur mon allure et j’avance tranquillou en profitant de la quiétude de cette campagne déserte (genre footing du dimanche matin quoi), en me disant que je suis peinard pour au moins 10 bornes et qu’on verra après comment ça se présente.

Je passe en 55 minutes au 10 km en souriant en me rappelant qu’en juin l’année dernière j’avais fait 56’30 pour ma première course et que j’avais fini au bord de mourir, c’est plutôt bon signe et surtout c’est pile poil ce que j’avais calculé, je n’en reviens pas moi-même.

Et puis au bout de 2 km, tout se déglingue. L’envie de pisser qui m’enquiquine depuis le départ commence à me tordre le ventre, il faut absolument que je m’arrête. Pendant que je suis caché dans mon buisson, le petit groupe de fin (ah tiens je n’étais pas le dernier en fait) me passe devant le nez (enfin dans le dos pour être précis). Je rattrape ce petit groupe que je ne lâcherai plus. Nous sommes 5 ou 6, dont un lièvre, qui visons les moins de 2 heures. Ce qui est rageant c’est que je suis en forme mais je ne peux rien avaler. L’eau me gonfle le bide, le solide ne passe pas du tout, je n’ai jamais ressenti ça, je ne sais pas comment le gérer, j’ai mon ventre qui fait flop flop, c’est vraiment pénible mais je garde mon allure sans problème, je commence juste à avoir les jambes lourdes mais ça va.

Course

Je sais que c’est faisable, le mental est au beau fixe, maintenant que j’ai fait 15 bornes comme ça, je sais que je peux aller au bout sans problème, c’est un peu dur mais je reste bien régulier, toujours au dessus des 10km/h même dans les faux plats. À 17 km, première alerte. C’est un signe que je connais bien en roller sur longue distance, il m’indique que si je ne diminue pas je vais être pourri de crampes, mais comment m’économiser en course à pied ? En roller suffit de laisser glisser mais là faut bien avancer non ? Commence alors un véritable calvaire, je passe le 18e km à 1h43, purée 17 minutes pour faire 3 bornes, c’est faisable, on n’arrête pas de se dire ça, on se motive, « allez on est encore bons, on peut y arriver » mais les crampes prennent le dessus, les orteils sont contractés, je ne sais pas comment les faire passer celles-là, du moins pas en courant, alors je marche 15 secondes et ça passe mais dès que je recours au-dessus de 8km/h ça devient infernal. Que faire ? Marcher une minute complète, puis essayer de repartir à mon rythme ? Je n’ose pas, je ne supporte pas de voir les secondes s’égrener, mais en même temps je me dis que si j’accélère ça peut empirer, qu’est-ce qui est le mieux ? Tenter les 2 heures coute que coute ou finir en courant ? je refuse l’idée d’abandonner ou de ne pouvoir finir, je laisse filer mon petit groupe que je retrouve en haut de cette foutue côte aEncore 300 mètres et c'est finiu ravito, il ne reste plus que la descente, pour la 4ème fois, je l’ai prise à 12km/h les trois premières fois, là j’arrive péniblement à faire du 10,5 je vis un enfer, chaque foulée est calculée pour faire le moins mal possible, et puis ça y est voila le dernier kilo, c’est mort pour les 2 heures, et au moment où j’en prends conscience, j’arrête de culpabiliser et je me remets à trotter peinard. Arrivée dans les derniers mètres je double un coureur, il court si doucement que je crois qu’il a déjà fini et qu’il trotte pour récupérer. L’ironie de la situation, c’est que ça sera le seul et unique coureur que j’aurais doublé en 2h03 de course. J’entends vaguement que le speaker crie mon nom mais sans comprendre ce qu’il dit, je ne vois pas ma gamine qui court sur le trottoir à côté de moi, je ne comprends pas ce que dit le bénévole qui me décroche mon dossard (ben pourquoi tu me piques mon dossard dis-donc ?) et puis voilà, je fais des tas de bisous à mes chéries (merci, merci d’être là à galérer pendant que je fais le clown pendant des plombes, mille fois merci) et je m’éloigne de la foule pour que personne ne me voie craquer complètement. D’ailleurs passons, j’ai pris soin que personne ne me voit, ce n’est pas pour ensuite aller le raconter sur Ternet 😉

Je rejoins le petit groupe de fin, on se congratule, on sait qu’on en a bavé puis je pars en quête de ma médaille sauf que… pas de médaille. Alors là je ne vous dis pas les boules. Je ne devrais pas être aussi futile mais pas de médaille c’est trop dur, trop horrible, trop injuste. Mais bon, il faut reconnaître ce qui est, outre cette petite frustration, cette course est super bien organisée. Le marquage au sol est absolument parfait, les indications sont super claires, il n’y a pas un chat sur les routes, les automobilistes sont tout cools (rien à voir avec les sauvages de mes courses parisiennes) et les ravitos très nombreux (tous les 4 km). Les bénévoles sont adorables, c’est vraiment sympa. Pi y’a pas à dire… c’est calme !

Bon côté résultat je finis quand même 237e sur 242 (rien que de l’écrire j’en suis malade) et avant-dernier senior homme. Je suis incapable de descendre un escalier sans aide et j’ai avalé 5000 calories aujourd’hui mais bon, je prendrais ma revanche l’an prochain mais… dans une course avec au moins 10000 partants, pas en dessous 🙂

NB Ce récit a initialement été publié sur le site Kikourou

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