Voir le verre à moitié vide…
Allez, disons-le clairement, je ne suis pas super content de moi. Pas déçu non, mais agacé de ne pas parvenir à m’imposer la vie d’ascète qui devrait être la mienne pour performer un peu. Une vie sans raclette, sans crêpes à l’andouille, sans confiture de lait, sans cidre, une vie de sportif qui fait des pompes tous les matins et ne sèche aucun entraînement.
M’enfin bon, comme on ne se refait pas, je m’aligne ce dimanche pour la deuxième année consécutive sur ce mini triathlon bien cassant dans un état de forme plus qu’aléatoire mais avec la ferme intention de faire au moins aussi bien que l’an dernier. Contrat non rempli. À ma décharge, peu nombreux sont ceux qui y sont parvenus, l’ensemble des chronos étant assez clairement en baisse en comparaison de l’an dernier, y compris chez les tous meilleurs qui concèdent 2, 3 et parfois plus de 4 minutes sur leur chrono de l’an dernier. Pour moi, ça sera 3 minutes toutes rondes soit 55 minutes au lieu de 52.
C’est parti
Et franchement, plutôt bien parti. C’est mon quatrième triathlon. Je commence à être assez efficace sur mes transitions et pour gagner quelques précieuses secondes, j’ai supprimé gants, chaussettes et bandeau et revêtu ma jolie trifonction moulante dans laquelle je suis… moulé dirons-nous. À 15h40 pile, je m’élance pour un 200 mètres plus que satisfaisant au cours duquel j’explose mes records personnels sur 100 mètres et 200 mètres et sors en 3 minutes 46 après m’être offert le luxe de temporiser dans les 50 derniers mètres pour ne pas être essoufflé pendant la transition. Je sors second sur 10 du bassin, le 3e étant encore au niveau du mur opposé, le premier seulement à quelques secondes devant moi.
Sur une distance aussi courte, les transitions sont importantes. Je suis relativement rapide. Mon matos est bien organisé mais je m’empêtre dans ma veste en l’enfilant. Le temps de me libérer, je vois déjà un premier coureur me passer sous le nez. Je finis par réussir à la mettre proprement, saute dans mes pompes et après avoir manqué de me casser la figure en glissant sur le talus d’herbe qui borde la piscine, je suis enfin sur le biclou, prêt à en découdre.
C’est reparti
Je ne me doute pas à ce moment là que je suis parti pour une demi-heure de galère noire. Il a plu tous les jours, toute la semaine et si aujourd’hui le soleil est enfin au rendez-vous, le sol est un énorme bourbier. Ça glisse, ça colle, un enfer. Quant à moi, je n’ai pas de jus. Rien. Panne sèche. À chaque glissade, je manque de me tuer. J’ai mal réglé la selle du vélo qu’on m’a prêté et j’ai oublié d’y installer mes cales pieds. Il y a tellement de boue que mes pieds dérapent sur les pédales et je me prends régulièrement des retours de manivelles dans les tibias.
Pour résumer, rien ne va. J’ai les jambes coupées par une selle trop basse, les pieds qui ne tiennent pas sur les pédales, le souffle court, 10 kg de trop et comme seule arme… mon égo. Pas suffisant. Le premier de la série est déjà loin, celui qui m’a doublé aussi. Un troisième me passe sans problème, alors que je n’ai plus aucune force, je suis obligé de descendre de vélo et de courir à côté car à chaque coup de pédale, le vélo glisse dans la boue. Malgré mes lunettes, les projections réussissent à passer et je suis totalement aveuglé. J’ai les yeux qui brûlent, les jambes qui brûlent, le cœur dans la bouche, c’est un cauchemar. Je ne parviens même pas à reprendre de la vitesse dans les descentes car je manque de me tuer à chaque virage.
Je finis par en finir, très entamé mais toujours décidé à ne rien lâcher. Je commence à courir et perd le peu de forces qu’il me reste dans la dune qui mène à la plage. L’arche est en vue, 3,5 km plus loin. Le sable encore trempé, les cailloux et les galets rendent la progression plus que laborieuse. C’est épuisant et interminable. Je double quelques participants des séries précédentes qui ont renoncé et marchent en trainant des pieds. Le deuxième kilomètre est le pire, impossible d’avancer dignement, je me traine comme une chaudière sur patte, c’est pathétique. Au troisième, je trouve un fond de gasoil au fond du réservoir et augmente un peu l’allure puis je fais un dernier 500 mètres honorable et comme l’an dernier, je claque un sprint brutal dans la dernière montée, une cale en béton à angle droit avant de passer la ligne d’arrivée en quasi mort cérébrale.
Le résultat est sans appel, il fallait être costaud cette année pour faire un bon classement. L’année dernière j’avais fini dans le 1er tiers, 47e/152, cette année, je sauve péniblement ma peau dans la première moitié, 90e/203.
Bon, la saison est terminée, j’aurais préféré la conclure sur une jolie perf mais je vais voir le verre à moitié plein, me contenter de mon beau 200 mètres et me concentrer sur un nouveau défi bien con, les 54 km de marche qui séparent Versailles de Mantes la Jolie fin janvier. L’an dernier, sans la moindre prépa, avec Tom, fidèle compagnon de galère, nous avions abandonné à Maule au bout de 35 km. Alors, on s’y remet et,comme d’hab, on fera du mieux qu’on peut 😀
© crédits photo : OSLC des Pieux