Et oui, encore un récit de course, mais pas n’importe quelle course, c’est quand même 21 bornes et, comme dirait l’autre : « il y a dans le semi comme un parfum de longue distance ». Je ne sais pas si cela présage que je courrai un jour un marathon mais ce qui est sûr, c’est que j’y ai laissé quelques fibres musculaires et pas mal de sels minéraux.
Me voila donc engagé sur mon second semi-marathon
Le Paris-Versailles s’étant vraiment bien passé et ayant fini dans un état de fraicheur sidérant je me suis dit qu’il serait peut être pas mal de profiter de cette période de forme pour retenter le coup sur un semi après l’expérience un peu difficile du mois d’avril. Je tombe donc sur le semi de Boulogne qui me semble parfait, bonne réputation, parcours assez facile, date ni trop proche ni trop éloignée et accessible en métro depuis la maison. Le site web de la course est bien fait, je découvre qu’il y aura un meneur d’allure en 2h (parfait) et que le prix de l’inscription est très raisonnable, emballé c’est pesé, me voila donc inscrit.
Je ressors un vieux jogging international que je conserve précieusement avec des plans d’entraînement semi pour à peu près tous les objectifs. Je me fixe donc un objectif raisonnable et un objectif inavouable. Objectif raisonnable, passer sous la barre des deux heures, ce qui reviendrait à gagner près de 4 minutes sur ma précédente tentative, objectif inavouable, l’exploser en gagnant au moins 10 minutes et finir en moins d’1h54.
Tout se goupille bien, le plan d’entraînement est sur 5 semaines et je décide de le suivre scrupuleusement, à la ligne près. Je pousserai même le vice jusqu’à poser une journée de RTT pour faire une sortie longue incasable ce dimanche là (oui là ça devient grave). Mais bon, j’ai fait tout bien comme c’était écrit, et ce matin je me suis aligné sur le départ en assez bonne forme, d’autant qu’un soleil radieux balayait mes dernières appréhensions météorologiques.
Je pars assez loin des premiers dans une foule assez compacte où il est difficile de doubler et j’ai l’impression de me traîner. Mon GPS débloque à plein tube comme souvent en ville ces derniers temps et m’indique que je cours à 20km/h (j’ai du sang kényan mais ne le dites à personne). Je fais donc au juger et j’ai la bonne surprise de passer devant le panneau du 1er km en un peu moins de 5’30 soit l’allure à conserver pour faire 1h58. Comme je me sens en forme je monte très légèrement l’allure pour essayer de recoller le meneur d’allure 2h qui est assez loin devant moi. Je le garde en ligne de mire jusqu’au 5e puis le rattrape et finalement le double. L’espace se dégage car il emmène derrière lui un groupe assez compact.
Je me mets à recalculer rapidement, en conservant cette allure je peux désormais viser les 1h55 sans problème, sans compter le sprint final et alors pourquoi pas 1h54 ce qui me mettrait à pile 10 minutes de mon temps à Valognes. Tout se passe super bien et je ne ressens ni fatigue ni ras le bol. Au 15e km, la fatigue commence à se faire sentir mais elle est très gérable et je suis toujours en avance même si je perds un peu de terrain. La flamme rouge est assez loin derrière moi. Je passe sous l’arche du 16e kilomètre en 1h26 et en calculant rapidement je me rends compte que si je tiens les 5 derniers kilomètres, ce qui me semble largement possible, je peux emballer le tout en 1h54 voire 53. Je continue à avancer, tout va bien, le souffle est là, la motivation aussi mais au 18e kilomètre : rebelote, comme à Valognes, les crampes qui surgissent de partout. Au mollet d’abords, puis aux deux cuisses, puis dans le pied. Je gère à peu près en continuant à courir jusqu’au 19e kilomètre mais mes jambes refusent de continuer et je suis désormais obligé d’alterner marche rapide et course. Mais à la différence de Valognes, quand je me remets à courir, je redouble tous ceux qui m’ont doublé pendant que je marchais. Puis le meneur d’allure de deux heures me repasse devant et commence à s’éloigner. Ah, non pas deux fois, pas plus de deux heures, pour rien au monde, alors je m’y remets, alternant à nouveau marche et course. Heureusement qu’il y a les deux tunnels, en descente, je peux tendre les jambes et étonnamment dans les montées, mes jambes ne me font plus mal, puis le meneur en 2h reste à portée, j’arrive à chaque fois que je recours à le rattraper.
Je tourne enfin dans l’avenue de Gallieni, mais bon sang ce qu’elle est longue cette fichue avenue. En plus on ne voit pas l’arche car elle est juste dans un coude et ça semble interminable. Je vois mon avance s’effriter mais je sais que c’est encore largement faisable car le meneur 2h vise le temps officiel pas le temps réel, et moi le temps officiel, je m’en fous complètement. Je m’accroche à lui comme à un phare dans la brume et quand il passe la ligne en 2h00 et 8 secondes (fort le gars) je l’ai quasiment rattrapé. C’est la libération. Je ne regarde pas le temps officiel, ma montre me suffit largement. Au final, je termine en 1h58’06 » soit très exactement en 5’49 de moins qu’à Valognes. Et pi au moins, ce coup ci je ne suis pas avant dernier. Au bord du malaise, certes, mais pas avant dernier.
Voila, je suis ravi, c’est une bien belle course que je referai avec plaisir et qui est remarquablement bien organisée. Si je devais faire mon casse-pied et mettre ne serait-ce qu’un seul petit bémol, ça concernerait les ravitos qui sont un peu spartiates (faut aimer les raisins secs ou ramener son manger) et la distance interminable entre la ligne d’arrivée et le sucre qui empêche de tourner de l’œil mais cela est largement compensé par tout le reste qui est vraiment parfait.