Comme une lettre à la poste (mais avec un détour)
Dimanche j’ai bouclé mon premier triathlon format M. C’était mon 7e triathlon après deux XS et quatre S. Le format M, c’est un peu le format normal, le format des jeux olympiques. Pendant longtemps, ça a été mon graal, je m’en pensais incapable. J’ai mille fois hésité à me lancer, notamment lorsque le triathlon de Paris se nageait dans la Seine et qu’il me faisait rêver. Puis voila, c’est fait. Certes, ce M est un petit peu plus court qu’un M traditionnel puisqu’il n’y a que 900 mètres de natation au lieu du kilomètre et demi habituel et parce que le parcours vélo fait 33 km au lieu des 40 classiques. Par contre, il y a bien 10 bornes de course à pied et j’ai envie de vous dire que pour un premier, c’est bien assez.
Pour m’y préparer, je m’étais concocté un petit programme estival bien calibré. J’avais posé 6 semaines de vacances pour me reposer et m’entrainer mais ça ne s’est pas vraiment passé comme prévu. Aléas climatiques, canicule, orages, lumbagos à répétition, incapacité à perdre ne serait-ce qu’un seul petit kilo malgré des heures de sport et une rentrée éreintante avec un nouveau poste début septembre et peu de piscines ouvertes autour de la maison.
Au final, quelques belles sorties vélo (mais trop peu), quelques séances de piscine intéressantes (mais trop peu), presque rien de vraiment utile en course à pied et surtout, au lieu des 80kg cible, un petit 87 kg le matin du départ sur la balance (la honte). Pour résumer, je rentre encore dans ma tri-fonction mais tout juste. Et pour la combi, faut un chausse-pied 😀 .
Opération cachalot
Le 27 août, je participe à la grande fête de la nage en eau libre organisée par la FSGT. Je me suis inscrit sur le 1500 mètres, distance cible pour un triathlète moyen afin d’avoir une marque sur la distance et une idée de mes capacités. Super ambiance, belle organisation, eau chaude et propre, à part quelques algues et chrono plus que correct, je me rassure. Je cours un peu début septembre mais je suis repassé de 4 à seulement 3 voire 2 séances de course par semaine ce qui est insuffisant. C’est pas grave, advienne que pourra.
C’est parti
Après moult péripéties (45 minutes à tourner autour de la base pour en trouver l’accès, parking blindé, téléphone oublié dans la voiture, ceinture porte dossard perdue puis retrouvée) me voila enfin sur la plage de l’île de loisirs, les pieds dans le sable, les yeux sur le lac, prêt à en découdre.
Je m’élance enfin pour une boucle de 900 mètres dans une eau à température parfaite et trouve immédiatement mon rythme. J’en oublie presque que c’est un triathlon et lorsque je commence à remonter les brasseurs, je suis presque surpris de prendre des coups de talon et des baffes. Au bout de 150 mètres, arrive la première bouée. Et là, c’est un bordel noir. Ça se grimpe dessus, ça gifle, ça braille. Toute le monde veut prendre la bouée à la corde, j’accélère pour sortir de cette zone de tumulte et ça redevient calme. Je nage bien, très facile grâce à la combi qui m’aide en portant mes grosses cuisses et j’avance plutôt plus vite (ou disons moins lentement) que d’habitude et sans fatigue.
Je n’aurais jamais pensé dire ça un jour mais ce matin, j’aurais presque préféré que ça dure un peu plus longtemps car je prends de plus en plus mon pied à nager en eau libre. Mais voila, c’est fini et me voila déjà en train de courir sur la plage. Je rentre vite dans le parc à vélo et trouve mon emplacement sans hésiter. Il reste encore pas mal de vélos dans le parc mais je ne me fais pas d’illusion, je ne suis sans doute pas très bien placé car même si je nage plus décontracté, je ne nage pas plus vite pour autant. Je sais que je vais devoir rouler fort pour reprendre des places car j’en perdrai ensuite beaucoup en course à pied, mon point faible.
C’est re parti
Je fais une transition très correcte et après un petit embouteillage à la sortie du parc à vélo, me voila enfin sur mon biclou. Le fait d’avoir autant progressé en natation me permets d’attaquer le vélo frais comme un gardon et surtout sans crampes aux pieds. Avec le brouillard et les 13°C du matin, j’ai eu un petit peu peur d’avoir froid mais au final, les conditions sont idéales. Je ne m’économise pas et je double pas mal mais l’écart entre moi et les fusées qui me dépassent est considérable. Et je n’ose même pas penser à tous ceux qui sont devant moi. J’hésite à rouler plus fort. Je mets déjà des gros braquets et je suis assez facile mais je ne sais pas si je dois gérer l’effort pour la course ou envoyer.
J’en suis à ce stade de mes réflexions lorsqu’au bout de 25 km, je loupe un embranchement. Pas de signaleur, j’ai continué tout droit. Je n’ai pas vu les autres tourner. Je mets du temps à me décider à faire demi-tour, manque de lucidité et de réalisme, je roule plus d’un km avant de me faire une raison. 5’20 de rab, 50 places de perdues 🙁
Je réussis à recoller un groupe de cyclistes, double quelques grappes mais le gros du peloton est devant moi, irrattrapable. Arrivé à la base, je me foire sur ma transition. J’enlève mon pied de la chaussure gauche sans avoir déscratché la droite et manque de ma casser la binette. Je pile, descends du vélo comme je peux et déchausse. j’ai l’air malin en courant avec mon vélo dans la main gauche et ma chaussure dans la main droite… Je galère à mettre mes chaussettes mais je ne regrette pas, je n’aime pas courir sans chaussettes, surtout dans les pompes de trail. Au final, même si ce n’est pas très académique, ma transition est plus que correcte et me permet de regagner de nombreuses places, c’est toujours ça de pris.
C’est re re parti
J’ai des jambes mais je manque de jus et j’ai le dos qui a commencé à tirer sur la fin du vélo. Pour ce premier M, le finir en courant est important donc pas question d’exploser en vol ou de marcher. j’ai envie de savourer et de courir détendu. Pas en footing mais détendu.
Avec un record en 49′ sur plat, je n’ai pas les moyens de faire illusion. Je tente de me caler à 5’20 au kilomètre mais le parcours est gras et plein de faux plats. Je suis mieux en 5’40 (forcément) et je me dis que finir ces 10 km en moins d’une heure sera déjà pas si mal. Après tout c’est mon premier M, j’en vois qui marchent ou qui sont cuits et moi je kiffe. J’me traîne, mais je kiffe.
Les kilomètres défilent, j’hésite à accélérer. Je dois vraiment être loin dans le classement car bien que courant à peine plus vite que mon allure marathon, je double régulièrement des coureurs et coureuses qui semblent au bout de leur vie. Moi je suis facile et j’aime bien cette sensation alors je reste dans cette allure confortable mais pêchue.
L’avant dernier kilomètre est compliqué, le dernier l’est encore plus. Je suis content d’avoir temporisé car les 300 deniers mètres sur la pelouse sont atroces, je suis vidé mais content d’en finir.
Je sprinte pour le principe et pour être beau sur la photo (c’est raté) et j’en termine enfin en 2h30 et 44 secondes.
Au final, je suis 409e sur 571. Sans mes 3 bornes de rab, j’aurais fini aux alentours de la 360e places. Mieux mais pas époustouflant, il faut donc vite se remettre à l’entrainement car après cette petite virée, je n’ai clairement qu’une seule idée en tête, remettre ça le plus vite possible.