Écotrail de Paris 2025

Comme souvent et plus que jamais : lent mais content !

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Je n’ai jamais été un grand fan de l’écotrail, une course que j’ai plusieurs fois décrite dans ce blog comme trop urbaine, trop boueuse, trop longue (pour mon petit niveau), pas assez vallonnée et qui généralement ne me réussit pas vraiment. Et pourtant, contre toute logique, j’y reviens régulièrement et après, je regrette. Mais pas cette fois.

En sport comme pour le reste, chaque année est différente et je trouve toujours une raison de m’y recoller. Le format 30 km, que j’ai couru 5 fois est une distance longue pour moi donc ça représente toujours une part de défi. C’est pas loin de la maison, très bien organisé et je dois bien l’avouer, le fait que la ville de Paris dispose de quelques dossards gratuits pour ses agents, fait que je m’y inscris le plus souvent sur un coup de tête et que je réfléchis après.

Cette fois pourtant, je ne cours pas le 30 km mais je teste un nouveau format, le 35. Les quelques km en plus sont anecdotiques (le 30 en fait d’ailleurs presque 32). C’est surtout le tracé qui est intéressant. Contrairement à tous les autres formats, ce nouveau parcours se déroule presque exclusivement en forêt et fait l’impasse sur les 10 derniers kilomètres le long de la Seine que je hais par dessus tout. Il y a également deux fois plus de dénivelé et ça, j’aime. En plus la course a lieu le dimanche et non le samedi, ce qui m’évitera d’avoir à me faire remplacer au boulot le samedi matin.

Ce nouveau format cependant est présenté par l’organisation comme sélectif mais sans pour autant durcir les conditions pour s’y inscrire. Il est juste indiqué que les barrières horaires seront contraignantes. 2h15 pour boucler les 18 premiers kilomètres, 4h45 pour tout finir. Sur des sentiers secs, aucun soucis. Mais si c’est boueux, ça peut devenir tendu. L’an dernier, dans un enfer de boue qui colle, j’avais mis 3h18 pour venir à bout des 23 petits km du trail de Montmonrency qui comptaient un dénivelé équivalent (850m). À cette allure, ça ne passe pas.

Je me fixe donc des objectifs très simples et très raisonnables : 1/ finir (le souvenir douloureux de mon abandon au marathon de Paris est toujours vif) ; 2/ ne pas me faire manger par les barrières horaires, surtout celle de Chaville au kilomètre 18 ; 3/ ne pas finir dernier parce que bon quand même.

Je me concocte un petit plan d’entrainement maison très simple en me fixant simplement de faire une sortie un peu longue d’au moins 15 km le dimanche, si possible en forêt et un minimum de 35 km par semaine. Pour le reste, aucune contrainte et zéro stress. Objectif atteint, la veille de la course, je m’endors à 22h comme un bienheureux sans la moindre pression.

C’est parti

Je pars à la bourre de la casa, arrive au métro Pont de Sèvres avec zéro minute de marge, m’échauffe en trottant sous la pluie vers la zone de départ. La pelouse du domaine de Saint Cloud est un bourbier immonde. Après plusieurs semaines de beau temps sans une goutte de pluie, le temps s’est tordu ce week-end. Les orages ont inondé les sentiers que les coureurs du 30 km ont labouré la veille. J’hésite à mettre la veste de pluie, la mets, l’enlève, ré hésite puis finalement la plie et la mets dans mon sac à eau pour le cas où (elle n’en bougera plus).

Je traine un peu afin de pouvoir me positionner dans la toute dernière vague afin de ne pas subir la pression des coureurs rapides de la vagues d’après. Si ce format « sélectif » a dissuadé les coureurs les plus lents et attiré les plus rapides, il y a de bonnes chances que je me retrouve dans le fond du peloton même en faisant une belle course donc autant m’y mettre tout de suite et remonter ce que je peux.

Le premier kilomètre est totalement plat et permet d’étirer le peloton. Je me cale à mon allure marathon (5’40) mais je sens aussitôt que ça ne va pas le faire. J’ai en tête mes 5 autres écotrails, tous finis à l’agonie après être parti trop vite. Je descends aussitôt l’allure mais dès le deuxième kilomètre, je me retrouve à patauger dans la boue. C’est glissant, instable et très fatigant. Mes chaussures accrochent bien, mais j’ai l’impression de m’épuiser inutilement. Les 4 kilomètres suivants montent continuellement donc je marche beaucoup et ça me va très bien. Certains passages malheureusement ne sont pas assez pentus pour justifier que je marche alors je cours mais je préférerais plus de pente, moins de boue et des bâtons pour marcher vite en poussant fort. Pour faire simple, j’aimerais mieux être en montagne.

Mais bon, le up&down qui va suivre n’est pas désagréable. Les descentes ne glissent pas trop, les sentiers redeviennent assez vite praticables et même assez rigolos. Comme je suis parti dernier, personne ne me double (encore heureux) et je reprends un par un les derniers de ma vague, puis assez vite les derniers de la vague d’avant sur qui j’ai donc plus de 5 min d’avance. Cela me donne une fausse impression de vitesse car en réalité je ne suis pas sur une allure compétitive mais sur une allure très conservatrice que j’adopte pour mes sorties trail du dimanche. Je sympathise avec un coureur qui est un peu dans la même vibe que moi mais dès qu’on se met à discuter mon allure baisse quasi naturellement et déjà que je n’avance pas vite, là ça devient vraiment déraisonnable de trainer plus. Je l’abandonne à regret, accélère et me cale sur un rythme un poil plus soutenu qui me va bien et qui me permet d’arriver au ravito de Chaville avec une avance confortable sur la barrière horaire.

J’avale une purée de pomme et un faux coca assez miteux, recharge en eau et file sans attendre car je n’ai pas besoin de pause. J’assiste avec un peu de tristesse à l’arrêt brutal de la course pour les coureurs des vagues précédentes qui ont trop traîné et qui sont bloqués par les juges arbitres (ça sera le cas pour une cinquantaine d’entre eux). J’attaque la deuxième partie de la course dans un état de fraîcheur qui me surprend moi-même. Par contre, il y a beaucoup plus de monde sur le sentier, comme si j’avais rattrapé d’un coup, tous les derniers d’une vague qui avaient tous dû partir en même temps de la zone de ravito pour ne pas être mis hors course. Ils ont en commun d’être complétement cramés et d’avancer au ralenti. J’ai un mal de chien à les doubler et comme je n’ai pas non plus fait des tonnes de sorties longues, mes jambes ne sont pas vraiment celle d’un cabri déchainé et je perds pas mal d’énergie à ronger mon frein pour éviter de faire un strike dans les descentes.

Le plus pénible, c’est qu’il y a désormais de plus en plus de passage à plat. Et comme toujours lorsque les distances s’allongent, je monte et descends beaucoup plus vite que les zombis du fond de peloton mais je n’arrive pas à trainer ma lourde carcasse sur le plat et j’ai de plus de mal à conserver une allure de course décente. Et Pourtant, je continue à doubler continuellement. Je suis habitué aux queues de peloton mais il est vraiment rare que je sois à ce point à la cool et les autres aussi démontés. Ambiance walking dead.

Vers le 30e je commence à manquer de jus et ça me contrarie, surtout dans les descentes parce que je ne peux plus envoyer comme j’aime. Je suis d’ailleurs assez content quand ça se met à grimper car je n’ai aucune difficulté à marcher fort et ça me permet de beaucoup doubler mais je prends moins de plaisir à courir sur les portions plates. À deux trois reprises, je me surprends à marcher sur le plat. Je me souviens d’un article lu il n’y a pas longtemps sur les messages qu’envoie le cerveau qu’il faut savoir ignorer et je me raisonne en me disant que mon corps est suffisamment entraîné pour encaisser le double de distance. Et comme par magie, ça repart aussitôt.

Il reste 4 km, je n’ai aucune douleur, pas de crampe, un pouls très bas et je comprends enfin que je suis tout simplement en sous-régime, que ma prudence est en fait de l’incompétence et que je suis en train de réaliser, avec le sourire, une magnifique contre-performance. Et ce qui est la plus dramatique, c’est que je m’en fous complétement 😀

Après de longues négociations, je finis quand même par me convaincre de mettre le turbo, de me faire un peu mal pendant 25 minutes et que ça sera vite passé. Mais voila, ce n’est pas vraiment possible. Sur cette dernière portion, les chemins, sont tout simplement impraticables. La boue est tellement collante que même marcher devient très difficile. Parfois quasi impossible.

Pour pimenter le tout, nous rejoignons, en plein bourbier, le parcours de marche nordique et devons donc désormais composer avec les marcheurs. Quelques uns sont sympas et se poussent (un peu) mais la plupart sont des vieux râleurs qui bloquent les rares passages praticables avec leurs bâtons. Les doubler demande un effort supplémentaire, c’est très pénible.

L’observatoire de Meudon apparait enfin et je me fais doubler pour la première fois depuis un bon moment par un type qui gambade là dedans comme sur un tartan et ça me pique au vif. Je n’avais pas vraiment remarqué que le sol redevenait très acceptable et je me remets à courir avec un certain enthousiasme. La libération arrive avec la descente bétonnée de l’observatoire puis la dernière ligne droite dans laquelle je sprinte avec beaucoup d’élégance. Merci de me croire sur parole et de ne surtout pas aller vérifier sur la vidéo d’arrivée 😀

Je passe la ligne en 4h25 dans un état de fraîcheur tout à fait acceptable en pointant à la 1320e place sur un peu plus de 1600 partants. J’ai fait bien mieux, mais aussi bien pire. Et surtout, alors même que c’est finalement le plus long trail de toute ma vie, j’ai la sensation que s’il avait fallu, j’aurais sans doute été en mesure d’en faire 10 de plus. Je n’en ai pas la moindre envie, mais je pense que j’aurais pu.

Et de fait, un marathon de montagne avec le double de dénivelé et des barrières horaires confortables (comme par exemple le marathon du Mont-Blanc pour ne pas le citer) n’est plus du tout un rêve fou mais un possible. Et ça, c’est très réjouissant.