Neuf trois en force !
C’est désormais une tradition, l’avant dernier week-end de mai, les coureurs de l’Est parisiens se donnent rendez-vous, sous un soleil toujours ponctuel, pour les formidables 10 km du 19e. Une bien belle course parfaitement organisée qui se court à deux pas de chez moi dans le cadre absolument splendide du plus beau parc de Paris. Le tracé est toujours le même, cassant comme aucun autre dans la capitale, avec ses enchaînements de faux plats interminables et sa longue remontée à l’intérieur des Buttes Chaumont. Par contre cette année, l’organisation a versé dans la sobriété : T-shirt blanc (j’avais parié sur un violet pour cette année) et médaille brillante, rien que du conventionnel, à l’image de ce récit qui sera, une fois n’est pas coutume, d’une grande sobriété.
Seule nouveauté pour cette 5e édition – et quatrième participation consécutive en ce qui me concerne – je pète la forme ! Et puis je porte le dossard 93, c’est forcément un signe !
Nous avons donc là un Mimi des grands jours, certes un peu pataud avec 5 bons kilos de trop mais pressé d’en découdre car il ne faut pas croire que seules les premiers sont habités par l’esprit de compétition. En milieu de peloton, les secondes qu’on grappille ont la même valeur que celles que se disputent les élites. Qu’elles permettent de monter sur le podium ou juste de battre son propre record, une seconde, reste une seconde et que ne ferait-on pas pour cette foutue seconde ! Depuis trois semaines, je me suis donc ré astreint à un régime alimentaire globalement équilibré (à quelques paquets de bonbons près dirons-nous), je me suis couché plusieurs fois de suite à des heures décentes et je cours de nouveau assez régulièrement. Par contre je manque un peu de compétition, n’ayant plus fait de course depuis le semi de Boulogne en novembre et restant sur une grosse contre-performance sur 10 km sur un parcours plat et roulant pourtant bien plus facile. Le départ est donné à l’heure comme chaque année, y’a pas à dire, sont forts dans le 19e !
Go !
C’est donc parti pour 10 km de souffrance, de sueur et de lutte intérieure avec comme objectif cette année, comme chaque année, de faire un peu moins pire que la fois d’avant, la barre n’étant pas placée bien haut aux vues de la grande médiocrité de mes résultats sur 10 km en général et sur cette course-ci en particulier. L’objectif du jour, facile à atteindre est donc de faire moins de 52 minutes. Il y a énormément de monde aujourd’hui, nous sommes plus de 1000 d’après le speaker et il faut slalomer un peu au départ puis c’est la première montée casse-pattes avant la très longue descente de près d’un km. Je gère tout cela au mieux et passe la ligne des 2 premiers kilos en 9’48 ce qui est parfait pour moi. Les deux kilos suivants sont avalés en 5 minutes chacun donc pile-poil dans les temps pour un 10 km en moins de 50 minutes sauf que, bien sûr, il va y avoir la montée des Buttes Chaumont, près d’un km de pente qui me feront perdre comme chaque année plusieurs minutes. Cependant, cette année, je dois bien admettre que ça passe tout seul. Le fait d’avoir énormément marché dans ce parc ces derniers temps y est sans doute pour quelque chose mais je remonte assez facilement quoique très lentement et arrive au ravito en pas trop mauvais état. Ne sachant toujours pas boire en courant, je marche quelques secondes le temps de me rafraichir et c’est reparti comme en 40.
J’essaye désormais de trouver mon second souffle, le premier ayant été définitivement perdu dans la montée. Je m’engage pour la seconde fois dans l’immense et salutaire descente vers Bolivar dans laquelle je reprends pratiquement une minute complète sur les trois perdues dans les Buttes Chaumont et passe la ligne des 7 km en 36 minutes 30. Si je parviens à maintenir le rythme, je suis à l’aise pour descendre sous les 52 minutes, ce qui serait très bien. Sauf qu’il y a ce foutu dernier faux plat, quasiment un kilo à grimper avec une pente qui s’accentue de plus en plus jusqu’à la rue de Crimée et j’ai beau savoir que c’est un mauvais moment à passer, que chaque année j’y souffre plus que de raison, c’est très très dur. Une coureuse se met à marcher devant moi, elle est cuite, je l’encourage en lui indiquant l’endroit où ça arrête de monter et ça me remonte autant le moral à moi qu’à elle. Puis c’est la libération, la rue de Crimée qui annonce le début de la descente le long des Buttes. Je suis suffisamment frais pour accélérer et je finis aussi vite que ma carcasse accepte d’aller pour passer la ligne en 51’52 soit, à la seconde près (la fameuse seconde), une minute de moins que l’an dernier. Je finis pas très loin du milieu de course, 524e sur 962 plutôt pas trop mécontent. Je retrouve Benjamin et Laurent qui, comme il se doit, sont arrivés depuis un paquet de minutes et m’annoncent qu’ils ont fait exploser le chrono, battant également largement leur record perso et finissant respectivement 122e et 189e. Bravo les gars !
© photos : Maxime Gandolfi
Voir aussi : édition 2010 | édition 2009