Les 10 km du 19e #2010

C’est reparti pour un tour

Ce 10 kil, je l’connais par cœur. C’est une des étapes du Paris-running tour, célèbre pour son tracé particulièrement exigeant et pour le daltonisme de l’organisateur qui choisi les couleurs des T-shirts. Personnellement j’adore, je fais un tabac à chaque fois que je porte le vert anis de l’an dernier au bureau mais là quand même, orange vif, dur! Je m’aligne donc pour la troisième année consécutive sur la ligne de départ avec beaucoup de sérénité puisque ni le parcours ni mon état général ne peuvent laisser espérer faire quoi que se soit du côté chrono. Objectif, ne pas être trop ridicule quand même car j’ai pas mal de potes qui courent aujourd’hui mais surtout ne pas souffrir plus que de raison. Je prends cette année le départ dans un état de délabrement physique assez avancé.

Passons donc en mode Knock pour un inventaire de toutes les (bonnes) raisons pour lesquelles je n’améliorerais pas mon chrono de l’an dernier : déjà j’ai mal au genou. La faute à une nouvelle technique de blocage que j’ai inventée vendredi soir et qui consiste à arrêter un coup de pied marteau avec le genou. Je vais le faire breveter, ça serait trop dommage qu’on me le pique. Bien sûr la douleur aurait pu être atténuée par des médocs mais non, au moment de me passer de la pommade anti-inflammatoire ce matin, je réalise que je suis sur le point de me doper. Alors finir dans le bas du tableau avec les poireaux, pas de problème, mais se doper pour y arriver, ça aurait un côté un peu trop pathétique. Ensuite, ma bonne dame, j’ai mal à l’épaule. La faute à… mon épaule. Elle m’a gonflé toute ma vie cette épaule. Une sale tendinite en bas de l’omoplate que je traite avec mépris depuis 20 ans et qui de temps en temps vient me rappeler que je ne suis pas incassable. Et puis j’ai mal aussi à la mâchoire, la faute au casque de roller fort solide du minot que j’ai sauvé d’une collision inévitable avec un autre micro-patineur tout aussi habile que lui grâce à une technique imparable dite du « je me mets entre les deux et je serre les dents ». Ca marche bien, mais il faut pas se baisser en même temps. Enfin ces dernières semaines ont été assez contraignantes, beaucoup de boulot, beaucoup de déplacements, beaucoup de repas trop copieux et beaucoup de séances d’entrainements passées à l’as. Bref je ne suis ni en état, ni préparé pour casser la baraque alors je vais me faire un gros footing pêchu et si je mets une plombe pour le courir ça sera pas la fin du monde.

Le maire adjoint au sport qui me semble pas être du matin, essaye péniblement de faire croire qu’il s’intéresse un peu à cette belle course et s’illustre en parlant de la météo qui d’après lui n’est pas toujours aussi clémente alors que les trois dernières éditions se sont déroulées sous un soleil radieux mais passons, car maintenant, y’a course.

Le départ est donné sous un soleil déjà de plomb, il y a de plus en plus de monde sur cette course et je mets plusieurs secondes à passer la ligne de départ puis commence à courir à allure semi dans la vilaine et traitre première montée dans laquelle j’avais laissé mes premières forces l’an dernier. Arrive ensuite la partie que j’aime le moins : plus d’un kilomètre de descente que je ne sais définitivement pas négocier : récupérer, foncer, s’économiser ? Mystère ! Un coach vite ! Ensuite ça regrimpe pour ne quasiment plus cesser de monter. Je sais qu’il faut en passer par là et reprends un rythme un peu batard quelque part entre le footing et le semi. Au 4e kilo avant d’attaquer la vilaine côté des buttes, j’ai déjà près d’une minute et demie de retard sur mon meilleur temps sur la distance, et franchement, ranapéter ! Montée pénible, comme d’hab, ravito spartiate comme d’hab puis rebelote pour la descente ou je grappille quelques secondes en courant plutôt pas trop mal quand arrive le passage qui chaque année sonne le glas de mes dernières forces : la remontée vers la patinoire suivi du faut plat dans le couloir cyclable en plein cagnard. Je passe devant mon fan club rouge comme une pivoine mais pour une fois pas à bout de souffle. Bon ! Allez, un coup d’œil au chrono pour constater que ça s’améliore pas de ce côté-là puis arrive le 8e kilo où tout comme l’année dernière j’ai une pensée émue pour mon moi d’il y’a deux ans et de toute la souffrance qu’avait représenté ces deux derniers kilos. Je ne cours pas beaucoup plus vite, mais au moins qu’est-ce que je m’amuse me dis-je alors et avec une pointe de honte. Je décide de mettre un petit coup de turbo parce que bon quand même, faut pas déconner. Je n’ose même pas imaginer à quelle place j’aurais fini si j’étais resté sur ce faux rythme, vu le nombre de personnes que j’ai doublées à partir de là. Ah la, la, la, la, y’aurait à dire sur ces petits sursauts d’orgueil de mâle borné.

Dernier effort, les buttes sont en vue, je connais le parcours par cœur, je sais que je peux tenir un dernier kilo à fond et j’accélère encore. Un coureur s’accroche à ma foulée, tiens, c’est la première fois que ça m’arrive ça, alors je vais faire un peu l’effort pour l’emmener jusqu’à la fin de la montée. Arrive le plat libérateur et je décide de commencer à sprinter dès maintenant vu tout ce que je me suis économisé. Je laisse tout le monde sur place (hé hé hé j’adore écrire ce genre de connerie) et à la rentrée du parc il ne reste que deux coureurs encore prenable avant la ligne, je me les faits tous les deux, c’est toujours ça de pris.

Finalement, je m’en sors sans les honneurs mais pas si mal que ça car je n’ai mis que 7 minuscules secondes de plus que l’an dernier. Certes ce temps ne veut pas dire grand-chose puisque j’avais complètement raté ma course et baissé les bras sur la fin, mais je suis assez fier de mon dernier kilo.

Chouette médaille, ravito simple mais suffisant, T-shirt fluo, bref rien de nouveau sous le soleil pour cette chouette 4e édition. À l’année prochaine !