Baladavélo #4 – petite promenade en Basse-Brie
Après avoir un peu joué à « je viens ; je ne viens pas ; je viens peut-être » nous étions finalement quatre à avoir signé pour cette 4e Baladavélo. Mes trois futurs compagnons de route étaient tous en forme et étaient tous les trois l’heureux propriétaire d’un vélo en bon état et équipé pour le voyage. J’aurais du me méfier, tout cela semblait trop facile. C’est donc avec une certaine fatalité que deux semaines avant le départ, j’appris par téléphone que, suite à une amicale partie de foot, Jay avait enfin rejoint le club très fermé des vovinameurs luxés. Diagnostic sans appel, luxation de l’humérus. Nous nous résignons donc à ne partir qu’à trois.
Étape 1 : Paris – Provins 107 km
Provins, superbe ville médiévale située à une centaine de kilomètres de Paris, sera notre premier objectif. JM me rejoint aux Lilas, point de départ de toutes les Baladavélos. Après moult embrassades, nous laissons dernière nous femmes et enfants et nous laissons glisser vers Montreuil où nous retrouvons Benj’, partagé entre envie d’en découdre et, il faut bien le dire, une très légère appréhension propre aux premières fois. Il fait un temps magnifique et nous partons tranquillement vers le bois de Vincennes en direction des bords de Marne. Les rues sont désertes et nous ne croisons que des cyclistes sur ce chemin bucolique à souhait. Nous traversons quelques banlieues cossues et ensommeillées puis nous quittons rapidement les paysages urbains pour la campagne briarde.
Alors la Brie, comment dire ? C’est… plat. Très. Et avec un petit vent dans le dos, c’est du vélo facile et grisant. Mon 5.2 désormais équipé d’une fourche rigide en acier très légère réagit merveilleusement bien et je me sens des ailes. JM, infatigable, reste dans ma roue pendant que Benj’ découvre les joies du vélo de randonnée quelques mètres en arrière. Nous roulons cependant beaucoup trop vite, rarement en dessous des 26 km/h et avalons les kilomètres. À la pause nous avons déjà fait près de 55 km et après un pique-nique rapide nous reprenons la route avec comme objectif d’arriver à Provins en milieu d’après-midi pour profiter à fond de la ville. Malheureusement, dans l’euphorie de ces conditions exceptionnelles, j’oublie que Benj’ n’a pas l’habitude de rouler autant et le rythme que j’impose, un poil trop élevé pour être raisonnable, est fatal à son genou. Il finira donc l’étape au moral en pouvant à peine plier la jambe. À ce moment là, je ne donne pas cher de notre petite équipée et commence à repérer les gares alentours. C’est mal le connaître le bougre, au bout il a dit qu’il irait, au bout il ira.
Nous arrivons finalement vers 17h à Provins après avoir escaladé la colline sur laquelle se trouve la ville par la face Nord et laissé quelques grammes de fibres musculaires sur le chemin mais l’entrée dans la ville par les remparts, perchés sur nos montures, vaut bien ce dernier effort. Il faut bien admettre que passer sous ce porche a quelque chose d’assez majestueux mais ce petit instant magique est assez rapidement éclipsé par JM qui profite du cadre pour faire une petite cascade devant des touristes médusés après s’être pris les pédales dans son carter de chaîne, ce qui lui permettra de marquer son territoire en laissant également quelques lambeaux de peau sur les pavés provinois. Le carter, quand à lui, finira à la place qu’il mérite, à savoir au fond d’une poubelle.
Après ces quelques péripéties, nous arrivons enfin à la ferme du Châtel, un gîte assez sympa situé en plein cœur de la ville médiévale à quelques mètres de la place centrale. La soirée s’étire donc de terrasses de café en terrasses de resto, dans la douceur du soir. Le diabolo fraise coule à flot et cette nuit de folie s’achève au petit matin, enfin disons plutôt vers 23h30, heure à laquelle nous finissons par nous effondrer dans le confort douillet de notre chambre d’hôte.
Étape 2 : Provins – Villers-les-Potées 97 km
Le lendemain, nous quittons Provins sous un soleil digne d’un gros mois d’août en direction des plaines de l’Aisne. Il n’y a pas un souffle d’air et la chaleur est déjà très présente en ce début de journée. Je décide d’adopter un rythme beaucoup plus cool et après s’être solidement dopés (antalgiques et anti-inflammatoires pour Benj’, Canada Dry en intraveineuse pour JM) nous voila partis à l’assaut des routes légèrement vallonnées de l’Aisne. Nous roulons sur des petites routes désertes. Les parcours que j’ai tracés sur google map avant de partir sont vraiment chouettes et après avoir un peu merdé sur les précédentes éditions au niveau carto et traçage des parcours, il semble que j’ai enfin trouvé le modus operandi qui va bien en préparant à l’avance la liste de toutes les villes et lieux-dits qui jalonnent notre parcours.
Après une pause déjeuner très sympa dans un petit resto un peu chic (avec au menu, excusez du peu, frittes maison délicieuses et petit soufflet à la faisselle et au miel sur coulis de fruits rouges), je contacte la responsable du relais nature où nous devons dormir le soir qui m’apprend que la maison forestière n’est pas du tout à Coyolles comme je le pensais mais 15 km plus bas du côté d’Ivors. En faisant le crochet prévu par Villers-Cotterêts, cela nous ferait une étape de plus de 115 km, ce qui, vu l’état des genoux de mes deux comparses, me semble déraisonnable. Nous décidons donc de nous dérouter sur la Ferte-sous-Jouarre pour faire les courses dès maintenant en espérant que le sac à surgelés suffise à protéger les aliments du cagnard pendant tout l’après-midi. Je retrace donc une route directe vers la forêt de Walligny mais sans parvenir à faire aussi bien qu’avec Google map, mon GPS étant moins précis. Nous empruntons donc une route un peu moins calme que les routes empruntées jusqu’alors et nous croisons quelques camions un peu bourrins. Après plusieurs pauses rendues indispensables par le soleil qui cogne dur cet après-midi, nous rattrapons une route absolument hallucinante, plus de 4 kilomètres de descente invraisemblable dont une ligne droite démentielle dans laquelle nous pulvérisons nos records de vitesse, quasiment allongés sur nos guidons, affichant, pour ma part, un petit 64,8 km/h, ce qui, sur un VTT, est assez décoiffant.
Après avoir remonté ce que nous venions de descendre (c’est toujours comme ça), nous arrivons à Villers-les-Potées qui est censé être le bled le plus proche du relais. La première personne que nous croisons, un cycliste super sympa, est la bonne. Il nous indique le chemin et 5 minutes plus tard nous arrivons dans le buisson de Walligny en pleine forêt du Retz.
Arrivés sur place, le choc ! En pleine forêt, une maison forestière totalement autonome (panneaux solaires et eau du puits) avec un immense terrain arboré. Après une toilette de chat car pas d’eau chaude, je pars chercher du bois pendant que JM rentabilise son forfait ultra-millenium sous les yeux ébahis d’un renard qui n’avait jamais vu quelqu’un parler au téléphone et envoyer des SMS en même temps (il est fort JM). Nous passons une soirée incroyable, seuls au monde, à regarder un immense feu de camp crépiter dans la chaleur de la nuit. Magique. Seule la pluie, en fin de soirée viendra, un peu, écourter la fête sans toutefois parvenir à la gâcher.
Étape 3 : Villers-les-Potées – Les Lilas 81 km
La maison forestière se trouvant 15 km plus bas, notre trajet est écourté d’autant et notre étape du jour sera donc la plus courte jamais effectuée lors d’une Baladavélo. Un poil trop courte d’ailleurs, mais ne chipotons pas. Nous partons donc plus tard, vers 10h du matin en direction de Fresnes-sur-Marne où nous avons prévu de rejoindre la piste de l’Ourcq. Le temps a gravement viré dans la nuit et il fait carrément frisquet ce matin, malgré les timides rayons de soleil qui tentent de percer. Comme prévu, le vent est également de la partie, Monsieur Météo France avait visé juste. Un zef à décorner les bœufs nous cloue littéralement sur place et nous roulons à une moyenne assez déprimante, dépassant rarement les 16 km/h. Le vent nous oblige à forcer sur le pédalage, ce qui réveille les douleurs aux genoux de Benj’ qui n’est pas à la fête en ce début de journée et peine à nous rattraper dès que la route s’incline un peu. Nous galérons ainsi pendant 2 heures et arrivés à l’heure du repas nous n’avons fait que 30 petits kilomètres. Nous renonçons à un détour, prévu pour passer par des petits chemins vicinaux et qui aurait rajouté quelques kilomètres car la route est belle et quasi déserte. Nous cherchons un resto pendant un moment avant de tomber sur un « petit routier » ultra sympa qui fait des pizzas délicieuses puis nous arrivons enfin sur le canal de l’Ourcq. Nous nous engageons sur le chemin de hallage qui est normalement interdit aux vélos mais que tout le monde prend quand même et roulons ainsi jusqu’à la piste cyclable qui débute un peu plus loin, à Claye-Souilly. Le vent est tombé, la route est aussi plate qu’une piste puisse l’être et nous montons donc notre vitesse pour allumer un peu jusqu’à Sevran où je fais mon intéressant en prenant les tout-petits chemins du parc de la Poudrerie que je prenais déjà avec mon vélo cross MBK quand j’avais 10 ans.
Après une ultime pause à la buvette du parc où nous prenons un pot à l’ombre des marronniers, nous avalons les derniers kilomètres de piste cyclable jusqu’à Pantin où nous entamons la dernière grosse difficulté : la remontée vers les Lilas et sa célèbre montée pavée qui mène au stade. Nous bouclons cette ultime étape en 81 petits kilomètres pour un total de 285 km en trois jours.
Bilan de cette quatrième Baladavélo
J’avais juré après les 390 km de cet été de ne plus jamais faire d’étapes de 130 ou 140 bornes et j’avais estimé que 110 km étaient le bon calibrage. Cette nouvelle rando me conforte dans cette idée. 80 km, c’est un peu court, même si certains vous diraient que c’est déjà bien assez 🙂 mais je sais maintenant que j’ai ma dose entre 100 et 110 et je vais donc continuer à calibrer les virées de trois jours sur ce modèle. J’ai également pu tester un nouveau protocole de ravitaillement et trouvé le bon équilibre entre muesli et barres énergétiques. J’ai désormais trouvé un moyen efficace de tracer des parcours et de combiner le GPS avec un road book établi à l’avance et réussi à ne rien emporter de superflu et l’alléger mon portage. Le fait de partir avec le pique-nique du premier jour permet également de gagner pas mal de temps en s’épargnant les courses le soir donc au final, cette Baladavélo aura été la plus carrée au niveau du montage et la plus rentable au niveau du temps disponible pour faire autre chose que du vélo, notamment en arrivant à 17 ou 18h plutôt qu’à 20h30 sur le lieu d’étape.
Enfin, c’est un privilège de pouvoir emmener avec soi des potes avides de découvrir la rando longue à vélo et je suis bien content de ne pas les en avoir dégoûtés. Il me semble même avoir senti poindre une petite lueur d’envie de repartir… Hé bien, les gars, vous pouvez d’ores et déjà prendre votre ticket pour la prochaine car une chose est sûre, on remet ça l’année prochaine et cette fois Jay, aucune excuse ne sera acceptée 😉