Balades, plongée et rando pour un voyage éclair au royaume du Siam
Nous avons assez longuement hésité avant de retourner en Asie cette année. Pour la première fois depuis cinq ans, nous n’avons pas planifié de voyage d’entraînement au Vietnam et nous avons donc envisagé de nombreuses pistes pour occuper la dizaine de jours de vacances dont nous disposions. Après de longs moments passés à tourner et retourner mon petit globe miniature, il a bien fallu nous rendre à l’évidence : la perspective de ne pas remettre les pieds sur le continent asiatique était vraiment trop déprimante.
Alors malgré les vacances scolaires tardives nous amenant au début de la mousson, malgré un contexte professionnel délétère qui aurait dû m’inciter à réduire mes congés, malgré un timing trop serré lié à des contingences familiales compliquées, nous avons craqué et nous avons opté pour une petite escapade asiatique en amoureux. Certes, c’était trop court, trop chaud et trop humide mais c’était quand même super bien. Mais court. Mais bien.
Paris – Bangkok
Compte tenu des délais et de notre temps dispo, la Thaïlande s’est assez rapidement imposée comme le meilleur compromis. Pas de visas, des risques sanitaires très limités, de l’eau à 30°C toute l’année, des sites historiques sublimes et des infrastructures touristiques permettant de se déplacer sans difficulté à moindre coût. C’est aussi le pays d’Asie du Sud-est le plus proche de la France (seulement 5 heures de décalage horaire) et probablement celui où l’on mange le mieux. What else ?
Nous décollons donc le vendredi soir pour arriver le samedi en fin d’après-midi à Bangkok. Impossible à J-15 de trouver un vol direct à un prix décent mais je parviens à trouver un vol rapide avec une très courte escale dans le Golf sur la compagnie d’Oman.
La soirée est consacrée aux fondamentaux : Rambuttri, Khao San Road, grillons, criquets, mango shake puis mango juice puis re mango shake. Le lendemain, c’est la journée à la tour Eiffel. On révise donc ses classiques en faisant le tour du pâté de maison : palais royal le matin (à l’heure de la prière du dimanche matin sinon c’est pas rigolo), what pho, puis what arun.
À la fin de la journée, comme il se doit, nous sommes totalement rincés. Il fait dans les 40°C avec environ 100% de taux d’humidité ce qui rend la balade parfois un petit peu éprouvante il faut bien l’admettre.
Ayutthaya
Couchés tôt, levés aux aurores, nous attrapons un taxi et nous rendons à la gare principale de Hua Lamphong. Prendre un train pour Ayutthaya est assez simple. Comprendre la différence entre les différents tarifs est en revanche quasi impossible. Les express sont moins rapides que les normaux et les spéciaux coûtent environ 15 fois plus chers que les express puisqu’ils n’ont pas de troisième classe. Nous n’avons donc pas le choix, ça sera la seconde classe climatisée réservée aux touristes sur le prochain train. Le train part à l’heure puis s’immobilise au bout de 3 minutes et nous restons ainsi à l’arrêt pendant environ une demi-heure sans avoir la moindre explication. Puis le train redémarre et met environ une heure de plus à traverser Bangkok en s’arrêtant à chaque passage à niveau (priorité aux voitures). Encore une heure après, nous voilà enfin à Ayutthaya qui rappelons-le se trouve à seulement 80 km de la capitale.
Nous empruntons un bac qui nous amène dans la vieille ville et après avoir tourné un peu, nous trouvons le loueur de vélos le moins cher de Thaïlande qui pour une caution équivalent à quatre euros (la valeur du vélo et encore c’est très surestimé) et l’équivalent de trente centimes de location, nous procure deux clous rouillés sans freins et en route pour l’aventure.
Nous avons prévu de faire quatre temples. Nous n’en visiterons finalement que trois, ce qui implique que nous serons contraints d’y retourner 😉
Nous commençons par le Wat Mahatat, l’un des plus anciens temples du site (il date du 14e siècle) et probablement le plus célèbre. Dans celui-là seulement nous verrons des cars de touristes. Rien à voir cependant avec la déferlante de touristes chinois croisés à Angkor. Ce temple est surtout connu pour sa tête de Bouddha enchevêtrée dans les racines d’un banian. Sympa.
Nous enchaînons ensuite sur le Wat Phra Sri Sanphet et là, nous prenons une très grosse claque. Ce temple fait incontestablement partie de ce qu’il m’a été donné à voir de plus beau dans mon existence.
La couleur du ciel, la lumière qui se reflète sur les trois dômes qui se découvrent au travers des branches des frangipaniers, tout est parfait dans cet endroit magique. Il fait une telle chaleur que personne n’ose mettre le nez dehors et nous avons le site pour nous tout seuls. Inoubliable !
Nous faisons ensuite un crochet par le Viharn Phra Mongkol Bophit, qui abrite une immense bouddha assis mais qui présente surtout l’intérêt d’être très bien ventilé puis nous quittons les lieux en direction du Wat Chai Watthanaram qui est le plus éloigné mais aussi paraît-il un des plus beaux.
Sur le chemin, les premiers pépins mécaniques surviennent avec un vilain déraillement qui sera le premier d’une très, très (vraiment très) longue série. Nous arrivons finalement sur le site et là nous prenons une deuxième claque.
Ce site est juste d’une beauté absolue. Nous ne sommes que deux ou trois couples à nous promener dans les ruines et à mitrailler de photos, ne sachant plus ou poser les yeux. Nous y restons une bonne heure car nous avons décidé de renoncer à faire le Wat Yai Chai Mongkhon et sa célèbre rangée de bouddhas. Nous le gardions pour la fin comme on garde le meilleur mais les vélos sont dans un tel état que cela nous semble déraisonnable, d’autant que le site est complètement à l’opposé de la ville. Ça sera donc partie remise mais ce n’est pas très grave puisque nous savons que nous reviendrons un jour. Forcément.
Nous rendons les vélos puis nous dirigeons vers la gare juste à temps pour attraper le train de 16h30 qui arrive en fait à 17h30 avec « seulement » une heure de retard. Nous prenons des places en troisième classe qui nous coûtent un peu moins d’un euro à deux et regagnons Bangkok sans autre accroc.
Koh Chang
Initialement, nous voulions aller plonger dans les Similan mais le parc naturel fermant le 1er mai à cause de la mousson, nous avons dû changer notre fusil d’épaule. Comme il était hors de question que je remette les pieds à Phuket, j’ai commencé à chercher une île alternative. En bon plongeur, je me suis d’abord arrêté sur Koh Tao mais l’aspect « usine à plongeurs » m’a un peu rebuté et comme je souhaitais que ma chère et tendre fasse sa formation (hé oui vous ne rêvez pas) dans les meilleures conditions, je me suis finalement reporté sur Koh Chang, plus calme, plus sereine, plus familiale et plus sauvage. Excellent choix. Nous nous y sommes sentis tout de suite bien.
Le premier jour, nous nous séparons. Je laisse Sophie à Klong Prao dans la salle de cours du club écodivers et je pars à la journée en explo. Au programme trois plongées dont une épave mais malheureusement, comme la saison se termine, il n’y a plus grand monde sur l’île et le club n’a pas assez de plongeurs pour sortir son bateau.
Nous nous retrouvons donc sur le bateau d’un autre club ami qui emmène des plongeurs et des snorkelers sur des sites peu profonds et plus adaptés au tuba qu’à la bouteille. La première plongée est très sympa et comme les conditions sont optimales et la profondeur limitée à une petite vingtaine de mètres, nous faisons durer le plaisir pratiquement une heure et quart. La seconde, moins intéressante, se fait sur un site qui aurait pu (et dû) se visiter sans bouteille car vraiment trop peu profond (entre 4 et 7 mètres grand maximum). Entre les deux plongées, stop obligatoire sur une petite île paradisiaque mais en solo et par 45° à l’ombre, cela ne présente finalement pas grand intérêt. Disons que ça fait de jolies photos mais il faut y être pour comprendre.
Le lendemain par contre, belle journée. Nous partons tous les deux sur le bateau du club avec d’autres plongeurs français et chinois très sympas. Je pars faire l’épave de l’HTMS Chang 712, coulé très récemment et spécialement pour les plongeurs. Super plongée malheureusement un peu écourtée pour éviter la panne d’air à une de nos plongeuses ayant un peu trop « pompé » à la descente. Pas grave, mais là encore, faudra y retourner du coup 😀
La deuxième plongée est très sympa aussi. Les conditions sont idéales et nous consommons donc très peu, ce qui nous permet de rester plus d’une heure sous l’eau et de profiter à fond de la balade. Enfin, pour la troisième plongée, je plonge avec So qui termine sa formation l’autorisant à plonger en explo à 12 mètres et nous faisons donc notre première explo ensemble. Cela nous permet d’expérimenter (enfin) la scène de ménage subaquatique à base de : « ça fait 10 fois que je t’appelle pour te montrer la raie pastenague que du coup je retrouve plus ! ». Un must ! Après près d’une heure de balade, nous tombons nez à nez avec une magnifique tortue. Une petite photo de la tortue ? Ben… heu… non. Bon. Tant pis !
C’est déjà fini, deux jours c’est trop court, il nous a vraiment manqué une journée de plus mais c’est ainsi. Et puis maintenant, le soir, on peut parler de plongée en dégustant des poissons grillés sur la plage, et ça, mes amis, je peux vous dire que ça le fait carrément.
Le lendemain, nous partons en « trekking » dans la jungle. Nous avons booké cette journée depuis la France car le vendredi, normalement, c’est LE jour où Rath, le guide local, emmène les randonneurs au pic de Salakphet, sommet le plus élevé de l’île. Malheureusement, une fois encore, à partir du 1er mai, le parc national n’est plus accessible et nous nous retrouvons donc inscrits sur le programme classique consistant à tourner dans la jungle à la recherche de points d’eau pour faire trempette.
Il fait une chaleur accablante et nous sommes assez rapidement trempés et poisseux. La balade se découpe à peu près ainsi : 1h30 de marche, enfiler le maillot, sauter dans l’eau froide, revivre, remettre ses fringues qui puent, suer 1h30, se remettre en maillot, etc. et comme ça pendant 6 heures. Bon. Le groupe est sympa, un Américain que sa copine a traîné dans cette galère passe son temps à râler et met une bonne ambiance dans la queue de peloton mais, soyons clairs, le trekking pour touristes dans la jungle, c’est sympa une fois mais pas plus.
Le lendemain, nous avions prévu de faire du kayak autour des petits îlots qui font face à notre hôtel et rejoindre des sites de snorkeling a priori très sympas mais nous sommes contraints d’y renoncer car notre voyage de retour est décalé au matin faute de passagers pour l’après-midi. Grrr.
Retour à Bangkok
Finalement, le fait de rentrer un peu plus tôt sur Bangkok n’est pas si mal car cela va nous permettre d’assister aux matchs de boxe thaï du Lupinee stadium. J’avais déjà assisté à des combats au Rajadamnoen et je voulais donc vraiment, cette fois, me rendre au mythique Lumpinee. Après avoir un peu négocié les prix, nous nous retrouvons aux premières loges pour une soirée de folie. Les combats sont énormes et quatre d’entre-eux finissent par des K.O spectaculaires. L’un des boxeurs repart d’ailleurs sur une civière et vue la violence du K.O nous avons été quelques-uns à nous demander sérieusement s’il était encore en vie en quittant le ring.
Le lendemain nous partons visiter la maison de Jim Thompson. J’étais un peu réticent car j’avais eu mon compte d’attractions touristiques ringardes, notamment en suivant bêtement les conseils du Routard pour aller dîner au sommet de la tour Baiyoke II. Pas de mauvaise surprise cette fois, cette maison/musée est un vrai bel endroit et nous y passons un très bon moment. Des guides francophones se relaient pour faire visiter la maison qui regorge d’œuvres d’art absolument sublimes, notamment des statues birmanes en bois de toute beauté. [Mémo : ne pas oublier d’aller en Birmanie à l’occasion].
Nous quittons les lieux et rejoignons la station de skytrain toute proche afin de nous rendre à l’autre bout de la ville pour flâner au fameux week-end market de Chatuchak, histoire de rapporter quelques souvenirs. Nous y passerons une grosse partie de l’après-midi à marchander pendant trois plombes (pour gagner 10 centimes) des gadgets à peine jolis qui finiront bradés dans des brocantes dans le meilleur des cas mais comment faire autrement ?
Après une dernière soirée ponctuée par des commandes à intervalles réguliers de mango shakes, un massage un peu trop tonique pour être agréable et une nuit trop courte, nous quittons la Thaïlande pour la grisaille, le froid et le pollen, avec une seule idée en tête, repartir le plus vite possible.