4e trail blanc des Vosges

Du ski, du trail, de la neige… What else ?

dans la neigeJ’ai pris l’habitude, à chaque fois que je prévois de mettre le nez hors de mon île de France natale, de vérifier si, par hasard, il n’y aurait pas une petite course ou, encore mieux, un petit trail organisé dans les parages. La plupart du temps, ça ne se goupille pas comme j’aimerais. D’autres fois, comme cet automne, le hasard fait bien les choses.

C’est ainsi que je suis tombé sur le site de Courir sur des légendes, organisateur d’un trail blanc qui attire chaque année de plus en plus de coureurs.

Les Vosges étant ma nouvelle terre de prédilection, ce Trail Blanc des Vosges qui se court dans une petite station de ski et qui se décline en trois formats, sur des distances raisonnables, dont une course nocturne me semblait mériter qu’on fasse le déplacement depuis Paris. Et puis courir un trail dans la neige, ça doit forcément être rigolo non ?

Hé bien comment dire, le trail blanc, c’est un peu rigolo effectivement, mais c’est surtout très éprouvant physiquement. Et beau à se damner.

Trouver des volontaires pour m’accompagner fut pour une fois étonnamment facile. Il faut dire que le programme était alléchant. Départ le vendredi soir, arrivée en plein milieu de la nuit, lever aux aurores le samedi pour être à 9h sur les lattes, ski jusqu’à 16h, trail nocturne de 5 km à 18h puis le dimanche matin, le trail blanc des Vosges, 17 km dans la neige avec pas moins de 600 mètres de dénivelés. Vous n’auriez pas signé tout de suite vous ?

Tom & SlimBon, finalement, ça, c’était mon programme à moi. Et je m’y suis tenu. Mes acolytes ont été plus prudents ou plus malchanceux. J’y reviendrai.

Aujourd’hui, à j+1, j’ai un peu l’impression d’être passé dans un broyeur mais à la veille de passer le cap symbolique de la quarantaine, je me dis que si je devais refaire ça dès demain, je le referai avec un appétit intact.

Le samedi matin, nous ne sommes finalement que 3 sur 5 à chausser les skis. Yann est quelque part entre Annecy et le Jura en train de braver les éléments pour essayer de nous rejoindre à temps pour le trail du soir et notre seule représentante féminine préfère aller marcher dans la montagne qui est, il faut bien le dire, particulièrement magnifique ce matin.

Nous arpentons donc à 3 le domaine de la plus petite station de ski du monde qui comporte en gros deux pistes sympas : une piste noire très courte, rigolote à descendre mais pas très noire (des petits malins ont d’ailleurs colorié le panneau de direction noir avec de la craie rouge) et une piste bleue un petit peu plus longue comportant deux passages agréables dont un dans de la quasi poudreuse d’assez bonne qualité. Deux pistes rouges complètent le domaine mais elles sont très courtes et la neige y est épouvantable. Nous les délaissons et enchaînons des descentes très rapides et des remontées pas vraiment reposantes, les tire-fesses étant particulièrement violents.

Au bout d’une heure et demi de ce régime, nous sommes déjà totalement rincés. Après une longue pause café, nous repartons au combat pour finir une grosse heure plus tard, dans un état de délabrement musculaire très dépassé.

Après un repas beaucoup trop copieux et une sieste bien trop courte, nous ne sommes plus que deux à repartir skier mais le temps est devenu épouvantable. Il neige et nous sommes au beau milieu d’un nuage bien épais qui forme une sorte de brouillard blanc très désagréable. Le vent souffle en rafale, nos cuisses hurlent de ce qu’on leur a fait subir le matin et après avoir refait jusqu’à épuisement la noire puis la bleue puis la noire, nous abandonnons les pistes aux ados des clubs de ski de la région venus par dizaines et qui accaparent les trois tire-fesses de la station. En pensant au domaine des trois vallées, une larme glisse sur ma joue.

Samedi soir : trail nocturne

Nuit bleutéeDe retour à la chambre, je saute de ma tenue de ski à ma tenue de course. Initialement, je n’avais pas spécialement envie de courir le petit trail nocturne. Ni Slim, ni Tom ne s’y sont inscrits mais Yann en avait vraiment très envie et je m’y suis donc collé pour l’accompagner. Sauf que là tout de suite, à un quart d’heure du départ, nous n’avons toujours pas la moindre idée de l’endroit où il se trouve. Il n’y a pas de réseau dans la station et après avoir attendu autant que possible, nous nous rendons au départ avec une pointe d’amertume.

Arrivés au pied des pistes, le spectacle est à la hauteur. Il a neigé pendant deux heures mais désormais le nuage est passé et le vent est tombé, il ne reste que le ciel bleu couchant et les frontales qui scintillent. C’est absolument magnifique et j’en garderai un vrai souvenir ému. Je ne sais pas encore à cet instant que Yann est arrivé, qu’il regarde la même chose que nous mais qu’il ne parvient pas à nous trouver. Et comme c’est nous qui avons son dossard… 🙁

yaktraxIl fait très froid et l’orga tarde à donner le départ. Après de longues minutes d’attente, c’est la libération. Le peloton part à fond les gamelles et je me retrouve assez vite en queue de course. Comme d’hab. Nous faisons une petite boucle et repassons devant notre hôtel puis après seulement 3 minutes de courses nous abordons une montée dans la poudreuse fraiche. La montée est interminable et les coureurs qui n’ont pas eu la présence d’esprit de chausser les crampons vivent l’enfer. Je n’ai pas couru depuis trois semaines et j’ai des blessures un peu partout mais je suis un bon marcheur et surtout, j’ai équipé mes chaussures de Yaktrax. Bien m’en a pris. Je grimpe dans la neige avec une facilité qui me surprend moi-même. Je double des dizaines de coureurs dont certains semblent vraiment en difficulté. Ça parle, peu, ça rigole encore moins.

dessin bd trailJ’arrive au sommet épuisé mais motivé d’avoir regagné autant de places et je bourrine autant que je peux dans la descente, doublant encore quelques coureurs. La seconde montée est plus courte mais là encore, je grimpe avec aisance alors qu’à côté de moi, ça patine sec.

J’ai repris encore une bonne trentaine de coureurs mais après une descente ou aucun ne parvient à me rattraper, il y a malheureusement presque un kilomètre de plat et là, je ne peux rivaliser avec personne et me fais à nouveau doubler par une vingtaine de coureurs. Je passe la ligne en 41’ pour seulement 4,4 kilomètres.

Lorsque je prends conscience que dans moins de 16 heures, je vais devoir me farcir ça quatre fois d’affilé,  je suis pris d’une légère panique. Je suis littéralement épuisé et j’ai le sentiment que je n’aurais pas pu faire un kilomètre de plus. Or j’en ai 17 au programme le lendemain. Je passe la soirée en mode grognon suivie d’une nuit épouvantable à imaginer le calvaire que je m’apprête à endurer.

Yann, qui a assisté au départ sans pouvoir le prendre est lui aussi un peu taciturne et il y a de quoi. Quelle frustration ça doit être. Bref, ambiance festive.

Dimanche 2 février : Trail blanc

TeamLe départ de la course est prévu pour 10h30, nous avons donc le temps de boucler nos valises et de nous préparer sans speeder. Il ne neige plus et il fait relativement doux pour la saison. À l’exception d’un brouillard à couper au couteau, les conditions météo sont globalement bonnes.

Cela me rassure un peu mais je reste tout de même assez inquiet pour la suite. Je prévois assez d’eau pour tenir trois heures. Et de la compote. C’est important en trail la compote ! 😉

Slim et moi sommes inscrits sur le 17 km. Tom qui n’a pas couru depuis la course du Run et Yann qui sort d’une semaine de ski et d’un voyage stressant, sont engagés sur le 6 km.

Le départ est lancé de façon très impromptue, sans prévenir et je me retrouve embarqué en milieu de peloton alors que je préfère partir avec les derniers. Je pars beaucoup trop vite, me fait bousculer par une armée de pachydermes. Il y a une sale ambiance dans ce peloton et je ne parviens pas à trouver mon souffle. Je me crame en 4 minutes et des centaines de coureurs, souvent agacés d’être coincés sur un chemin trop étroit me doublent en flux continu. La dernière fois que le train m’est passé dessus ainsi, c’était sur mon premier semi-marathon et j’avais fini avant dernier sénior. Je serai donc bien content si je fais mieux qu’avant-dernier vétéran mais mon objectif est surtout de terminer sur mes deux jambes.

snowLa course ne ressemble cependant pas du tout à celle de la veille. Ça fait déjà 20 minutes que nous courrons et toujours pas le début d’un gramme de poudreuse. Nous courrons sur des sentiers damés en légers faux plats et des hordes de coureurs continuent donc à me laisser sur place. Après encore un bon kilomètre, nous voila enfin dans la grosse neige. Comme la veille, dès que je commence à grimper, mes gros cuisseaux font la différence et je reprends une vingtaine de coureurs. La montée est très longue mais je la contrôle avec aisance, les yaktrax accrochant la neige génialement.

La descente, c’est autre chose. C’est une vraie patinoire et même ceux qui ont des crampons glissent à un moment ou un autre. C’est très physique et je commence à ressentir une vive douleur dans la cuisse droite. C’est con, c’était le seul membre que j’avais qui ne soit pas encore blessé. Pas question de finir en boitant, je ralentis et adopte une allure de footing du dimanche matin tout à fait approprié au décor. Ma stratégie de course est donc la suivante : ne pas finir dernier, y aller mollo sur le plat en restant sous les 10 km/h, marcher fort dans les montées et ronger mon frein dans les descentes pour ne pas réveiller ma périostite. C’est pas beau de vieillir.

Arrivée MiklJe m’y suis tenu et cela m’a permis de passer la ligne sur mes deux jambes, fatigué mais sans plus, la douleur dans la cuisse étant à peu près contrôlée. Après une heure et quart de course, le soleil fut même de la partie et comme à Bonifacio, j’ai pris le temps de m’imprégner des paysages enneigés absolument sublimes, le soleil magnifiant des scènes dignes d’un tableau de Monet.

Comme la veille, la course est merveilleusement bien organisée, des bénévoles adorables jalonnent le parcours, le balisage est parfait, le temps superbe, c’est beau, c’est chouette et en dehors du fait que je cours comme un pneu crevé et que j’ai mal à peu près partout, tout est parfait.

Je passe la ligne en 2h21 à plus d’une heure du vainqueur, Sami Baala, le grand frère de Mehdi et double champion de France de marathon et à 30 minutes de Slim qui nous claque une 336e place sur 953. La grande classe.

Mikl & SlimÀ mon arrivée, j’apprends que Yann et Tom ont couru comme des fusées. En respectivement 29 et 32 minutes, ils finissent tous les deux dans la première moitié du classement de la course courte s’octroyant les 43e et 69e places sur 142.

Quant à moi, je devrai me contenter d’une déprimante 824e place sur 953 sur le 17km. 86% des coureurs engagés sont arrivés avant moi, ce qui en fait mon plus mauvais classement depuis deux ans. Ce n’est cependant pas une grosse surprise vu le niveau général des coureurs engagés et mon approche disons… touristique de la course.

Par contre, je suis vraiment frustré de mon classement sur la nocturne. J’étais persuadé d’avoir remonté la moitié du peloton mais je ne me classe finalement qu’à une tout juste correcte 124e place sur 243. Un peu déçu donc et surtout fourbu.

Mais content et déjà pressé d’être à l’année prochaine pour remettre ça.

Pas vous ?

© crédit photos : Claire / Miklc
© illustrations : Matthieu Forichon – des bosses et des bulles – Tous droits réservés