La course du Run 2010

Cet été, on court en famille !

Il y a un an, je terminais la course du Run 2009 avec un sourire radieux, après avoir pris un pied d’enfer à courir dans les flaques, bien décidé à en re-découdre coûte que coûte l’année suivante. La fête était belle, l’enthousiasme communicatif et l’ambiance festive ; toute la petite famille venue pour m’encourager voulait en être l’année suivante, cette année donc, avant-hier pour être précis.

Sur un air de défi, ces dames se mirent donc à la course à pied avec comme objectif de participer à l’édition 2010 et de passer la ligne d’arrivée. Après le désormais traditionnel pique-nique d’avant course, nous voila donc entassés sur la plage et par effet de propagation, nous sommes toute une petite troupe à nous aligner sur la ligne de départ.

J’essaye de détendre l’atmosphère avec un succès très relatif et commence à faire l’inventaire des forces en présence. Les pieds, ça va. J’ai fini par en avoir marre de glisser dans la boue lors de mes précédents trails et je me suis offert des Supernova Riot que je vais tester en course pour la  première fois. Les cuisses, ça tiendra. Je sens bien que les 400 bornes de vélos ingurgités ces trois derniers jours pour venir de Paris ont laissé des traces mais franchement, je m’attendais à pire. Sans compter que j’ai retrouvé ma ligne de jeune homme ;-). Le mental ? En acier trempé ! Dussè-je exploser en plein vol, je vais partir à 110% de mes capacités et serrer les dents pendant 7,4 km car bien qu’assumant assez bien mon statut de poireau, aujourd’hui j’ai envie d’être dans la première moitié du classement, pour changer. Et puis après une fin de saison en demi-teinte et une vilaine blessure à l’épaule, c’est la dernière occasion de faire quelque chose, d’autant que toutes les conditions s’y prêtent.

Et pan, le coup de pistolet claque, m’arrachant à mes rêveries et je détale comme un lapin. Je me retrouve donc dans le groupe des 14km/h, groupe que je ne connais que de dos et de loin. Eh ben c’est pas demain que je ferai la course avec eux, ils vont bien trop vite pour moi. Au bout d’un kilomètre je suis au bord de l’apoplexie. Je décide néanmoins avec un entêtement assez crétin de mâle borné et orgueilleux de continuer à forcer jusqu’aux flaques d’eau. La première flaque est en fait un immense trou d’eau dans lequel je manque de me péter la margoulette – ce qui n’échappera pas à l’objectif du photographe de Normandie course à pied que je remercie au passage – et flingue dans le même temps mon GPS qui visiblement n’est pas étanche.

Le chrono est bloqué à 3 minutes 56, la bague ne répond plus, mais bizarrement, la montre fonctionne. Je sais donc quelle heure il est, ce qui me fait une belle jambe. Nouvel objectif, ne plus me faire doubler et m’accrocher au groupe qui est devant moi. Arrivé sur la presqu’île, je reprends du poil de la bête, me voila sur des terrains bien pourris qui semblent poser des problèmes aux autres coureurs car tout le monde ralentit, ce qui me permet à nouveau de respirer après 10 minutes d’apnée. C’est surement psychologique mais j’ai l’impression que mes pompes de trail font la différence et je passe sur les parties les plus abîmées avec beaucoup de facilité. Je me paye même le luxe de doubler un peu dans les parties herbeuses mais le mal est fait, je sais que je suis désormais sur un rythme trop lent et qu’à moins de faire un très gros dernier kilomètre pour regagner une minute, il est peu probable que je fasse mieux que l’an dernier. Tout mon corps hurle que trop, c’est trop. Les trois jours de vélo ont indubitablement laissé des traces. Arrivé au ravito je suis totalement asséché mais je me souviens que l’an dernier au même endroit j’avais bien souffert aussi. Je prends donc le temps de marcher en sirotant mon verre d’eau et repars sur un rythme un peu plus soutenu.

Le groupe des 35 minutes a définitivement filé, je me retrouve dans un groupe plus épars et plus lent. J’ai du mal à me relancer car aucun ne court véritablement plus vite que moi et je n’ai pas le mental pour essayer de les doubler un par un. J’hésite à accélérer, je sais que je peux le faire mais sans chrono ni GPS je ne sais pas où j’en suis et si ça en vaut la peine ou non. Je fini par accrocher un petit groupe qui a un rythme un chouia plus rapide que le mien et repars à l’attaque. Sur la plage comme l’an dernier, je sens les ailes repousser et me mets à nouveau à courir correctement. La petite montée de la cale est un supplice mais je ne lâcherais pour rien au monde. J’ai l’impression que toute la famille va arriver derrière moi et me doubler si je baisse le rythme. Je lâche les chevaux sur le dernier kilo et double un grand nombre de coureurs, aperçois mon fan club qui hurle des encouragements et l’arche qui est enfin à portée de sprint.

Le coup du parapluie

C’aurait du être le meilleur moment, celui de la libération, mais à 100 mètres de l’arrivée, un type me bloque avec ce que je crois au début être un bâton en criant « c’est fini ». On ne passe pas la ligne d’arrivée, il y a un embouteillage énorme. L’organisation a été débordée, les couloirs sont saturés. Je n’aurais donc pas de chrono officiel, pas non plus de chrono réel puisque mon GPS est probablement mort et pas de classement. Cool !

Les deux coureurs arrivés quelques secondes devant moi n’ont pas de chrono, les deux derrière non plus. Ils sont à peu près tous d’accord pour dire qu’ils ont fait environ 38 minutes. Alors va pour 38 minutes, ça sera donc mon chrono synonyme de record battu de près de 2 minutes. Mais la fête est un peu gâchée quand même. Après 5 minutes de piétinement on me remet un parapluie (c’était donc ça) et je file rejoindre mon public adoré pour savoir si les autres ont déjà passé la ligne. Ils ont. Mais plusieurs minutes après moi (ouf). Notons quand même que Tom que j’ai réussi à traîner sur cette course après l’avoir traîné sur ma Balladavélo, n’avait pas couru depuis le lycée et qu’il fini en moins de 45 minutes, la classe ! Les filles sont en arrière, je repars donc aussitôt les chercher. Je les repère sur la plage assez loin et file à leur rencontre. Elles ont une bonne foulée et se mettent facilement dans mes traces. Je monte très légèrement l’allure et les encourage pour la  montée de la cale qui est si dure. Sur le chemin qui mène à la ligne, c’est vraiment très intense. Tout le long, le public et les coureurs qui repartent dans le sens inverse les encouragent et les applaudissent. C’est très  émouvant et je les accompagne ainsi jusqu’à la ligne d’arrivée qu’elles auront la chance de franchir puisque le gros de la course est passé. Elles finissent en 53 minutes, pulvérisant ainsi leur bien trop modeste objectif d’arriver en moins d’une heure.

Au final, nous aurons tous atteins nos objectifs et après un  bon coup de sèche-cheveux, mon 405 finira par me cracher toutes les données qu’il n’aura en réalité jamais cessé d’enregistrer. Je fais donc un chrono qui se situe entre 38’51 et 38’59 soit près d’une minute de moins que l’an dernier dans tous les cas.

À noter quand même l’organisation un peu « olé olé ». L’an dernier, les chronos avaient été pris un peu n’importe comment et j’avais été crédité d’un temps bien inférieur à mon temps réel. J’avais reçu un mail me disant que ça serait mieux cette année (sic). Hé bien le moins qu’on puisse dire c’est que ça va être difficile de faire pire l’année prochaine. J’ai surtout apprécié le commentaire de l’organisateur dans la presse locale le lendemain « on va peut être modifier l’arrivée pour l’an prochain ». Peut-être ?

M’enfin, l’endroit est cependant si magnifique, le parcours si exceptionnel, les photos mises en ligne le soir même si jolies et l’ambiance si sympa que je sais déjà que je serai là l’année prochaine.

Avec une montre étanche.

Alors, qui se lance avec nous l’an prochain ?

© photos : Claire H. / Normandie course à pied