Et de 5 !
Je m’aligne aujourd’hui sur le 10 km du 19e, une course qui a toujours une saveur particulière. En courant ici, j’ai un peu l’impression d’être le régional de l’étape, les supporters en moins. Et puis c’est la course de mes débuts. Qu’est ce que j’en avais bavé la première année !
C’est en effet ma cinquième participation, après avoir séché les éditions 2012 et 2013 qui tombaient pendant ma longue période de forte démotivation post marathon. C’est une course difficile au parcours particulièrement alambiqué constitué de montées bien raides et de descentes interminables. Pour reprendre l’excellente formule de Daniel Pontal, elle permet de joindre l’inutile au désagréable. Raison de plus pour ne pas y résister et c’est donc sans trop me faire prier que j’accepte de rejoindre Guy et Laurent qui, eux non plus, je le sais, ne rateraient cette course casse-pattes pour rien au monde.
Et en plus je suis en forme. Depuis quelques mois, mon épaule en vrac me privant de Vovinam, j’ai désormais bien plus de temps pour cavaler et j’ai donc engrangé pas mal de kilomètres, participé à beaucoup de courses et surtout recommencé à (un peu) progresser, après plusieurs années de stagnation.
Je ne m’entraîne cependant pas du tout pour améliorer mon temps sur 10 km car ce format de course ne me convient définitivement pas. Je n’y brille pas et je n’y prends aucun plaisir. Seul mon obstination à tenter de parvenir un jour à passer sous les 50’ me pousse donc à y participer. Enfin en l’occurrence, même pas puisque les 10 km du 19e est bien le dernier endroit où il faut aller pour espérer faire un chrono. Tout cela vous semble illogique, contradictoire et paradoxal ? C’est normal, il faut y être pour comprendre 😉
Je retrouve Guy, Laurent et bientôt Tom (mais non vous ne rêvez pas) qui s’essaye pour la première fois à un 10 km. Je ne vous en dirai pas plus puisque je ne le reverrai jamais après la course pour cause de quiproquo sur le lieu de rendez-vous à l’arrivée.
C’est parti !
Le départ est donné, je suis en forme malgré une très mauvaise nuit mais je suis bloqué dans la foule et ne peux courir à mon rythme. Guy, plus rusé (l’expérience du vieux renard des pelotons sans doute), a tout de suite pris le trottoir et je le suis donc à distance respectable tandis que Laurent me passe sous le nez à la vitesse de la lumière et disparait dans la foule avec une aisance déconcertante. Je me reconcentre donc sur les belles chaussures jaunes de Guy et suis surpris de parvenir sans mal à lui coller au train. Je reste bien calé dans son sillage mais au bout d’un kilomètre et demi, je perds mon pass navigo qui se trouvait dans la poche arrière de mon vieux short. Je repars en arrière, slalome entre les coureurs, ramasse mon étui et le remets tant bien que mal dans ma poche. Malheureusement c’est un très très vieux short et la fermeture éclair de la poche est un peu grippée. Et mal placée dans le bas du dos. Je suis obligé de tordre mes deux bras en arrière pour le refermer en forçant un peu. J’ai le bras tordu vers l’arrière et au moment de tirer sur la languette de la fermeture, je ressens une douleur insupportable qui me fait presque trébucher.
Je reprends mes esprits et parviens à fermer cette foutue fermeture éclair et je retrouve mon rythme de croisière. Guy est désormais hors de vue, ce qui est bien dommage car il est très régulier et fait un lièvre plus qu’honorable.
J’accélère dans la longue descente, je reste calé à 14 km/h ce qui me permet de reprendre un peu de mon retard mais je passe le 2e kilomètre en 10’15, ce qui signifie que je suis déjà très en retard alors que c’est la portion la plus rapide. Je perds encore un peu de temps sur les deux suivant et passe la ligne des 4 km en 20’30 alors que le plus dur reste à faire. Je rentre dans les Buttes Chaumont avec une petite appréhension mais j’ai l’agréable surprise de découvrir que la côte est finalement de la rigolade à côté de ce que je me suis enfilé sur mes quatre derniers trails.
J’arrive en haut du parc après avoir doublé une bonne vingtaine de coureurs. Je ne m’attarde pas au ravito et peste un peu de devoir jeter une bouteille d’eau de 50 cl après en avoir bu seulement deux gorgées.
La descente qui suit est fatigante, la pollution et les pollens du parc m’ont arraché les poumons et en courant dans la descente à plus de 14 km/h, je suis quasiment à ma limite respiratoire. Contrairement aux trails ou ce sont mes muscles qui finissent pas me trahir via les crampes, sur cette course, mes jambes me semblent être en acier mais c’est clairement mes capacités respiratoires qui me freinent.
J’ai finalement réussi à rattraper presque tout le temps perdu dans la montée mais je passe le kilomètre 8 en 41’ ce qui est plutôt bien pour moi mais peu satisfaisant et insuffisant pour être dans la première moitié du classement. Et puis il y a ce fameux 9e kilomètre. Je le hais par-dessus tout. Il y a 7 ans, lors de ma première course, c’était la première fois que je dépassais 8 kilomètres et ça avait été un véritable cauchemar. J’en aurais pleuré. Et il est vrai qu’il est horrible ce 9e kilomètre. Il consiste à remonter la rue Petit, une immense ligne droite en faux plat. Elle arrive juste après l’ultime côte, celle de la rue Bourret qui est la pire de la course. Chaque année, j’y perds un temps considérable et des dizaines de places. Alors cette année, j’ai bêtement décidé de m’accrocher. J’ai suivi pendant au moins 800 mètres une queue de cheval en maintenant la même allure jusqu’à ce que je sente que j’étais capable d’accélérer.
Dommage, j’en avais largement sous le pied mais je m’en suis rendu compte trop tard. Malgré un bon dernier kilomètre couru à 14 km/h je passe la ligne en 51’09 améliorant ainsi mon temps de 2011 de près d’une minute.
Pour autant, pas de triomphalisme, cela reste quand même très moyen et en finissant 508e/987 je ne parviens pas à passer dans la première moitié du tableau. Et ce n’est pas avec ma prochaine course que ça risque de s’améliorer vu le profil de ce petit trail suisse de derrière les fagots dont je ne manquerai pas de vous donner des nouvelles ;-).