20 km de Paris 2016

Mykoeul is back !

Ceux qui me connaissent savent que s’il y a bien un défaut que je n’ai pas, c’est la modestie. Aussi, je crois qu’il est inutile de tourner autour du pot, ma gestion de course, ce dimanche, pour ma 6e participation aux 20 km de Paris, a été, tout simplement… parfaite ! 🙂 Rien que ça.

20 km de Paris 2016

Alors certes je finis 13459e, ce qui ne sera pas suffisant pour me qualifier pour les prochains jeux olympiques, même s’ils ont lieu à Paris, mais je suis, vous l’avez compris très (vraiment très) content quand même. D’autant que ça fait quand même pas loin de 5 ans que je n’avais pas amélioré un de mes records personnels.

Il y a 15 jours, je parvenais après une course exténuante à atteindre l’objectif trop modeste que je m’étais fixé et n’en avait retiré qu’une petite déception teintée d’amertume. J’avais néanmoins fini mon récit sur une note optimiste et un vœux : battre un record. Faire une belle course, être enfin content d’avoir couru. Re-goûter au plaisir subtil du devoir accompli. Finir 15000e d’une course en étant heureux comme un cycliste qui remporte l’Alpe d’Huez.

Il y avait justement, ça tombait bien, ce record très accessible sur les 20 km de Paris mais avec seulement deux petites semaines, récupération du Paris-Versailles incluse, pour m’y préparer. Compliqué. Mais pas impossible.

Dès l’après-midi, encore sous le coup de cette course épuisante, je dois chausser les rollers tout l’après-midi pour une manifestation dans ma ville à laquelle je m’étais engagé à participer. Éreinté et perclus de douleurs, je renonce dans la foulée à tous mes entraînements, ne parvenant à reprendre le sport que le jeudi avec un petit footing sans entrain. Le dimanche suivant, je pars sous un soleil radieux pour une sortie longue qui s’annonce agréable mais au bout de 600 mètres je suis terrassé par une douleur insupportable au genou. Je rentre en clopinant et passe le reste de la journée la jambe au repos, le genou baignant dans la pommade anti-inflammatoire. Le lendemain la douleur à quasiment disparu. Je tente un footing, sans forcer. J’en profite pour assimiler ma foulée cible. Je fais l’impasse sur le footing du jeudi, trop crevé, et sur l’entrainement de vovinam du vendredi pour m’économiser un peu. Je m’impose d’aller chercher mon dossard en métro pour ne pas m’ajouter 20 km de vélo à un week-end déjà prévu pour être exténuant. Le samedi, J’enchaîne l’entrainement des ados avec l’activité roller mensuelle de mon asso. Je rentre le soir après 4h30 de sport, totalement liquéfié.

Mais le dimanche matin, après une bonne nuit réparatrice, je me lève du bon pied avec la sensation que tout va aller bien. Je repasse dans la tête mon plan de course, il est des plus simples. En m’inscrivant j’avais annoncé 1h55 mais cet objectif là n’existe plus. Ça sera record ou rien. Je décide donc de partir sur une base de 5 min 30 au kilomètre, soit 1h50 pour boucler le parcours. Ça me laissera 3 minutes de marge en cas de problème de crampes sur la fin, ce qui est raisonnable puisque j’ai toujours des crampes à la fin.

Le départ des 20 km de Paris, une aventure en soi

Le départ de ma vague est prévu à 10h40. J’arrive sur place vers 10h et découvre un bordel incommensurable. Chaque année les organisateurs essayent de trouver des astuces pour organiser proprement le départ mais cette année, s’ajoutent au bazar habituel des consignes de sécurité drastiques qui rendent l’exercice impossible. L’accès à la zone des sas est complètement saturé. L’ambiance cependant est très bon enfant et comme il fait un temps magnifique, nous prenons notre mal en patience.  Au bout d’une trentaine de minutes, je peux enfin atteindre mon sas. À 10h40 nous commençons effectivement à marcher (rien à redire) mais il nous faudra presque 15 minutes de plus pour arriver jusqu’ à la ligne de départ. Tout cela avec une vue imprenable sur la Dame de fer et sous un ciel d’un bleu parfait. J’ai connu pire.

départ 20 km 2016

Puis c’est parti, je me cale immédiatement à 11 km/h, le temps de parcourir environ 150 mètres et de me retrouver stoppé net par une foule compacte de coureurs entassés et marchant au pas. Sur notre droite, arrive déjà le peloton de ceux qui sont en train d’en finir. Je suis découragé. Impossible de jouer des coudes, c’est bouché. J’arrive tant bien que mal à trottiner à 8km/h et je vois les secondes s’égrener, filer, et avec, mon envie d’en découdre. Puis au bout d’une quinzaine de secondes, le troupeau se remet en branle.

Le parcours a été légèrement modifié. Au lieu d’une montée bien sèche, on se prend finalement un long faux plat montant mais comme l’avenue est large, le bouchon saute très vite et j’ai enfin le champ libre. Nous déboulons sur l’arc de triomphe, c’est magnifique, le ciel est bleu azur, il fait un temps superbe et une température idéale, ni trop chaud, ni trop froid. Je passe finalement le premier kilomètre en 6 min 30. Déjà une minute de retard. Il m’en reste deux de marge, je décide de ne pas tenter de la reprendre. Pas tout de suite. Je me recale à 11km/h et je déroule.

Voilà, il n’y a presque plus rien à raconter. Les kilomètres défilent, les uns après les autres, sans difficulté, sans heurt, sans anecdote. Je suis bien dans ma foulée, à l’aise dans mes baskets. J’ai des jambes, le ciel est bleu, je ne suis pas essoufflé, pas fatigué, je n’ai même pas l’impression de faire un effort. Je regarde régulièrement ma montre pour valider ma vitesse mais c’est superflu car je perçois chaque changement de rythme et me corrige aussitôt. À l’écoute de mon souffle, attentif à ma foulée, je sens que je pourrais courir 2 ans ainsi sans m’arrêter. Forest Gump, sort de ce corps !

Mes intervalles sont bluffants, limite magiques. 5 min 31, 5 min 28, 5 min 32… Je passe le 5e kilomètre en 28 min 26 avec toujours ma minute de retard. Je ne marche pas au ravito, je ne ralentis même pas, je bois et mange en courant, sans problème. Contrairement à Paris-Versailles, les ravitos sont d’excellente qualité. Les fruits séchés sont excellents, il y a des figues, les oranges sont délicieuses, et tout cela est bien agréable. Et bio. Ce qui ne gâche rien.

Les 5 kilomètres suivants ne sont pas plus passionnants que les 5 premiers. Je passe le 10e kilomètre en 56 minutes et 6 secondes, toujours une minute de retard, pas une trace de fatigue. Au 12e je ressens un léger coup de moins bien mais je m’aperçois surtout que je cours un poil trop vite, je redescends à 11 km/h et tout rentre dans l’ordre, je ne vais donc pas tenter le diable sachant que je suis calé sur ce nouvel objectif de rester sur une base de 1h51 et que je sens que rien ne pourra m’empêcher d’atteindre la ligne dans les temps. Les kilomètres défilent encore, je reconnais chaque passage de mon calvaire de mes deux dernières participations et y passe avec une aisance déconcertante. Au 15e je sens une légère fatigue et commence à avoir les jambes un peu lourdes mais j’évacue l’info en la classant dans la catégorie « c’est normal ». Je passe la ligne des 15 en 1h 23 min 30 sec. Pas 29, pas 31. 30. Un vrai robot.

Je suis donc toujours sur une base d’1h51 mais je m’interdis de monter le rythme, d’autant qu’au 17e, je commence à sentir l’arrivée prévisible des premières crampes. Dans les orteils d’abord puis au mollet. Au 18e ça se complique, j’avais prévu de monter le rythme pour commencer à annuler la minute de retard mais j’ai désormais des débuts de crampes dans les orteils des deux pieds. Je tâche de respirer et je refais mes comptes dans tous les sens pour savoir quelle marge il me reste.

20km_miklPuis, comme chaque, année, au même endroit, sur les quais, je suis foudroyé par une crampe perfide dans le mollet. Je me dis alors que j’adorerais croire à l’homéopathie et m’envoyer des granules de Sporténine ou d’une autre poudre de perlimpinpin qui me guérirait de cette malédiction aussi sûrement qu’un coup de pensée magique mais voilà, je ne crois en rien et là tout de suite, ça ne m’aide pas à plier ma jambe gauche dans laquelle j’ai l’impression qu’on a planté une aiguille à tricoter. Je passe la ligne des 19 kilomètres dans les temps pour faire moins d’une 1h52, mais je sais que faute de pouvoir accélérer, c’est cuit pour passer sous les 1h51. Je trotte, en me mordant les lèvres. Je suis un peu inquiet mais un coup d’œil à ma montre que confirme que je suis quand même au-dessus des 10 km/h. 6 minutes au kilomètre. J’ai 1h46 au chrono. medailleMême sans accélérer, ça passera comme ça. Dernière petite remontée pour sortir des quais, ça tient. Les photographes, un sourire que je n’ai même pas besoin de forcer car si je lutte férocement contre les crampes, tout le reste fonctionne nickel. Quel dommage, sans ces foutus crampes j’aurais pu serrer les dents 800 mètres et boucler le dernier kilo en 4 minutes mais au lieu de cela je dois contrôler ma foulée, bien tendre les jambes. 1h51, j’y suis presque, le record, c’est bon, moins d’1h52 c’est possible, j’allonge ma foulée, le mollet hurle d’arrêter, je le méprise, tend la jambe et accélère. Un peu. Ça y est j’y suis. Ne pas lâcher, serrer les dents. C’est fini.

1h 51 min 48 sec. Record battu et pas de 10 secondes, presque 2 minutes. Le sub 1h50 était à ma portée. Avec quelques kilos de moins et un peu plus de sorties longues, ça passait. Ou pas, on ne saura jamais.

résultat 20km

Le ravito de fin de course est plus que correct, toujours bio. La médaille est magnifique et j’ai un sourire niais sur les lèvres dont je ne tente même pas de me départir. Les crampes me gênent un peu jusqu’au métro et je suis obligé de m’arrêter souvent pour m’étendre les jambes mais je suis tellement content que ça me ferait presque sourire. Quelques minutes après, enfin posé dans la rame qui me ramène au bercail, une seule question m’occupe l’esprit. Quelle sera la prochaine ?

Épilogue : Une fois rentrés les chiffres dans mon tableau Excel magique, je note que ma vitesse moyenne sur cette course aura été de 10,73 km/h. Et regardez à quelle vitesse j’ai couru Paris-Versailles. un robot je vous dis 😛

Excel

© crédit photographique : les 20 km de Paris que j’en profite pour remercier