Défi PCD™ : à la conquête des 8 Everest franciliens

L’île-de-France, seconde plus petite région de France après la Corse, c’est chez moi. Elle compte 8 départements et donc autant de points culminants à découvrir et à escalader mais deux d’entre eux sont situés sur un plateau de quelques kilomètres carrés au milieu duquel se trouve ma casa. Il n’y avait donc en réalité que 6 culmens à découvrir dans une région plus plate que la Belgique, autant dire que ça partait pour être une simple formalité.

Hé bien, pas tant que ça. Ne souhaitant pas prendre la voiture et faire des centaines de kilomètres pour aller faire un footing d’une heure dans une forêt paumée du Val-d’Oise ou autour d’un champs de blé en frontière de l’Aisne, j’ai passé un temps ahurissant à planifier ces sorties, tracer les itinéraires pour qu’ils soient un peu agréables et les faire coïncider à des gares de banlieues accessibles en moins de 2 heures. Ça m’a donc pris un certain temps mais ça y est, l’Île-de-France est désormais entièrement coloriée sur ma carte.

Télégraphe et les Lilas (129 m et 135 m – points culminants de Paris et de la Seine-Saint-Denis)
Départ de la maison – 15,5 km (boucle) – 137 m D+

Concernant Paris, certains estiment que c’est le cimetière de la Butte du Sacré Cœur, d’autres la rue du Télégraphe. C’est mon cas. Au numéro 40, il y a d’ailleurs une plaque indiquant que c’est le point culminant du domaine public de Paris. J’ai donc retenu celui-ci. Ceci étant ça n’a qu’une importance relative vu que je suis passé par celui de Montmartre des dizaines de fois. Le 75 était donc validé d’office, tout comme le point culminant du 93 qui se trouve sur le plateau de Romainville, aux Lilas, à quelques dizaines de mètres de la maison. J’ai quand même planifié une sortie longue un dimanche matin qui passait par les deux points et poussé jusqu’aux Buttes Chaumont pour avoir mes 100 m de D+ indispensables pour valider la sortie. Une chouette balade mais franchement, on ne va pas en faire deux paragraphes.

Le pont des Mulets (181 m – point culminant de l’Essonne)
Départ de la gare de Saint-Rémy-lés-Chevreuse – 18,8 km – 175 m D+

Le point culminant se trouve sur un pont au niveau de voie verte de Limours. Il s’agit de l’ancienne voie ferrée expérimentale de l’aérotrain. Un truc étonnant et futuriste des années 70 dont il ne subsiste que le T inversé en béton recouvert de mousse.

Je décide de partir de Saint-Rémy-lés-Chevreuse sur la voie verte de l’ancienne ligne de Sceau qui débute à quelques mètres de la gare et qui est vraiment très agréable. Au bout de quelques kilomètres, je me retrouve sur un chemin de terre bordé de champs. C’est long et monotone mais calme.

Je pousse jusqu’à une partie boisée, le long du petit ruisseau de Prédécelle, qui débouche sur la fameuse voie verte de Limours qui, elle aussi, est un peu longue et monotone. Le point culminant se trouve là, au niveau du pont des Mulets. Après un peu de bitume dans la ville de Gometz-le-Châtel, j’arrive au niveau du viaduc des Fauvelles duquel la vue est vraiment superbe. Ce petit périple se termine dans la base de trail de Bure-sur-Yvette.

Bien entendu, comme toutes les sorties franciliennes, elle ne présente aucun intérêt d’un point de vue ascension mais restera un excellent souvenir. Dommage que ça soit si loin (3 heures de transport aller-retour) car ce parcours est vraiment super.

Parc des Hautes Bruyères (126 m – points culminants du Val-de-Marne)
Départ du métro Kremlin-Bicêtre – 16,5 km – 139 m D+

Après une courte nuit au refuge de chez moi, je me lève à l’aube, part aux aurores et entame ma marche d’approche via les couloirs de Châtelet-les-Halles afin de m’attaquer, enfin, à l’ascension de l’Everest valdemarnais. Le point culminant se trouve au niveau d’un fort abandonné, la redoute des Hautes Bruyères, situé dans le parc éponyme.

J’atteins le parc sans encombre grâce à une météo favorable et une préparation optimale. Je n’ai en effet rien laissé au hasard, j’ai un short de trail avec un petit cuissard intégré et ma montre de baroudeur équipée d’un altimètre barométrique performant, sous réserve de l’avoir étalonné correctement, ce que je n’ai évidement pas fait.

En fait, le fort n’est plus qu’une immense décharge à ciel ouvert qui a été très récemment entièrement clôturée. Doublée par du barbelé, cette clôture neuve et solide est infranchissable pour un honnête homme. Pour un commando para ou un monte en l’air, j’dis pas mais pour moi, non.

Je me colle donc au point le plus élevé relevé la veille sur la carte IGN et m’autovalide ce point culminant puisque d’une part c’est moi qui fixe les règles de mon propre défi et d’autre part parce que le fail sur le 2e département le plus bas de France, c’est juste pas possible.

Butte de Saint Georges (216 m – points culminants de la Seine-et-Marne)
Départ de la gare de Nogent-l’Artaud – 19 km – 258 m D+

La gare la plus proche de la butte de Saint-Georges se trouve dans l’Aisne. Pas très pratique car le billet unique Île-de-France n’est valable que jusqu’à la gare d’avant. Obligé de frauder comme un adolescent, impossible de composter mon billet au retour, bref une galère.

Je quitte la gare et suis agréablement surpris par les jolis points de vue.

Je me suis tracé un itinéraire 50% sentiers, 50% routes désertes avec une grosse portion sur le GR14. Décevant ce GR, rien n’indique jamais ou presque qu’on est dessus et je me retrouve à courir sur des chemins de tracteurs au milieu des champs. Sympa, mais pas inoubliable.

Arrivé dans la zone de la ferme de Saint-George, j’identifie assez vite le champs de blé et son niveau le plus élevé. Visuellement, pas de doute, on voit parfaitement la courbure au milieu du champ mais en ce 8 mai ensoleillé, les blés sont verts et il est impossible de mettre un pied dans le champs sans tout piétiner. Tant pis, je considère que ma présence sur cette butte sans intérêt est déjà en soi une preuve de mon implication dans ce défi et m’autovalide également celui-là. Et bim.

Colline d’Élancourt (231 m – points culminants des Yvelines)
Départ de l’étang de Saint-Quentin en Yvelines – 15,4 km – 257 m D+

Ça, c’est la grosse journée. Je suis en route pour la fameuse colline d’Élancourt, appelée aussi colline de la Renaissance. Cette colline a la particularité d’être totalement artificielle. Elle a été « construite » avec la terre de remblais et les gravats provenant de la construction de la ville nouvelle créée de toute pièce dans les années 70. S’y rendre depuis chez moi en transport est une galère sans nom car depuis des mois, il n’y a plus de RER après Versailles le week-end.

J’ai donc pris la décision d’y aller en vélo. Après avoir traversé deux (petits) départements, je gare mon biclou sur la base de loisirs de Saint-Quentin et profite d’être là pour faire aussi le tour du lac. Décevant. Toute la première partie, le lac est invisible. C’est pénible d’ailleurs ces « tours du lac » où on court partout sauf autour d’un lac.

Pour rallier la colline, je dois également courir sur 1,5 km le long d’une route qui relie Trappes à Élancourt. Sur le papier, c’est pas très funky mais au final, le chemin n’est pas désagréable. La colline en elle même est assez sympa. On change de monde instantanément. Ça grimpe sec, la nature ayant conquis l’endroit sans règle, c’est assez sauvage et la vue au sommet est jolie. J’y passe un peu de temps à monter et descendre les petits chemins qui mènent au sommet puis repars dans l’autre sens pour finir mon tour du lac qui est plus agréable de ce côté là puisqu’on court vraiment à coté de l’eau et c’est assez joli.

Après une courte pause, je réenfourche mon biclou et repars dans le sens inverse, avec un vent de face pénible et une circulation beaucoup plus dense que le matin. Grosse journée donc, avec presque 100 km parcourus (80 en vélo, 15 en courant) et pas mal de dénivelé cumulé.

Butte de Rosne (217 m – points culminants du Val-d’Oise)
Départ du parking de Chavençon – 10,3 km – 199 m D+

Le point culminant du Val-d’Oise se trouve en haut d’une butte qui elle-même se trouve principalement dans l’Oise. Pratique. L’endroit étant quasi inaccessible en transports en commun, je décide de faire une entorse à mon principe du zéro carbone pour les culmens franciliens et de faire un petit détour en me rendant en Normandie.

Nous nous garons dans un bled paumé, Chavençon et attaquons notre promenade par le GR11. Les buttes de Rosne, un petit peu comme la colline d’Élancourt, se voient de loin. C’est joli, boisé et plutôt agréable mais très honnêtement, ça ne vaut pas les 30 km de détour que nous avons fait pour nous y rendre. Mais bon, un défi est un défi.

Une fois en forêt, le plus difficile est de convaincre ma chère et tendre de la pertinence de notre présence en ces lieux. Il fait un froid de canard, les chasseurs sont partout, les arbres sans feuilles n’aident pas à rendre la balade aussi bucolique que je l’avais vendue à Madame qui me fait remarquer, à juste titre, qu’elle a quand même beaucoup de patience. La partie recherche du point culminant est donc un peu laborieuse mais l’essentiel de la boucle que j’ai tracée se fait sur un parcours balisé : « les toits du Vexin ». Nous y trouvons même un petit panneau qui confirme que nous sommes bien passés par le sommet du département, le sommet de la butte étant dans l’Oise . Validation sans encombre mais sans magie.

Vaucresson (180 m – points culminants des Hauts-de-Seine)
Départ du métro Boulogne-Pont de Saint-Cloud – 17,8 km – 228 m D+

Ah, le point culminant du 92, tout un programme. Je m’attaque ce jour à l’Everest altoséquanais avec une certaine gourmandise, parce que quand même avec ces 180 mètres d’altitude, y’a largement de quoi se prendre pour le Maurice Herzog des plateaux de l’Île de France. J’ai réussi après moult essais à tracer une boucle qui part d’un métro et arrive à l’autre en passant par les parties les plus boisées de cette partie du département.

Pas simple à localiser d’ailleurs ce culmen. Ma principale source indique la route du Butard sur le plateau de Vaucresson. Les cartes gratuites auxquelles je me réfère indiquent d’autres points légèrement plus élevés. Dans le doute je trace donc un itinéraire qui passe par tous ces endroits mais sur le terrain, c’est bien sur la route forestière du Butard qui sépare les Hauts-de-Seine des Yvelines que se trouve le point le plus élevé.

Après avoir traversé le domaine de Saint Cloud et les haras de Jardy, je finis, non sans mal, par trouver cette charmante route forestière. Plate d’abord, puis bien montante ensuite, je me laisse guider, non pas par une borne ou un panneau indiquant le culmen mais par un arbre au feuillage totalement blanc. Le seul arbre en fleur, au milieu de milliers d’autres arbres caducs. Magique. Arrivé au sommet, il n’y a rien. Pas de vue, pas de panorama, pas d’indication. Je fais une photo souvenir de moi face à rien et repars.

Le retour est plus agréable. La traversée à l’aller, de l’austère domaine de Saint-Cloud m’a laissé sur ma faim. Le retour par le GRP de la ceinture verte d’IDF via la Forêt de Fausses-Reposes et les étangs de Ville d’Avray est vraiment agréable. Puis c’est le retour dans la partie la plus guindée des Hauts-de-Seine qui n’est pas, loin s’en faut, la partie de ma région où je me sens le plus à ma place. Mais c’est fait, le 92 est donc validé à son tour.

Conclusion

J’ai attendu d’avoir fait les 8 départements avant de publier ce billet. En toute sincérité, c’est ludique et plaisant de valider un département et ainsi d’avancer dans mon défi mais la moitié au moins de ces sorties étaient d’un intérêt plus que relatif. Pas désagréables mais loin d’être inoubliables. Je ne regrette pas de m’être cassé la tête à trouver des itinéraires parfois compliqués pour ne pas avoir à prendre ma voiture. Pour moi qui ne me déplace qu’en vélo, prendre le transilien ou le RER une fois de temps en temps ne m’a pas pesé. Mais je suis quand même content d’en avoir fini et de pouvoir retourner courir le long de mon canal le dimanche matin 🙂

Lorsque j’ai commencé ce défi, j’avais identifié plusieurs freins à sa réussite, notamment la difficulté technique de certains sommets montagneux, mon inexpérience en alpinisme ou la difficulté à identifier clairement le point culminant. Maintenant que j’ai un peu avancé dans cette aventure (j’en suis à 16 départements validés), je pense que le plus probable est que je ne trouve jamais de bonne façon d’aller sur certains territoires désolés où le culmen se trouve à nulle-part-sur-bled au bord d’une départementale toute moche. Certaines balades ne valent pas la peine et ne se suffiront pas à elle même. Il faudra donc que je les fasse un jour où je passe dans le coin. Et il y a des coins ou ni moi ni grand monde ne passe jamais. On verra. Pour l’instant, le temps passe, les sorties s’accumulent, et ça continue à m’amuser. C’est l’essentiel non ?