Les foulées du 12e 2011

Je vous l’avais bien dit que j’avais la pêche 🙂

Affiche de la courseJe l’avais déjà senti il y a un mois, lors du 10kil du 19e et je m’étais dit que si mon fichu record perso sur 10km devait tomber, c’était maintenant. Je m’étais donc cherché en catastrophe un autre 10km mais en oubliant de vérifier s’il était roulant, ce qu’il n’était, au final, clairement pas. Néanmoins, malgré un parcours très délicat et bien casse-pattes, j’y signais mon meilleur chrono sur la distance depuis des lustres et approchait de quelques secondes seulement mon meilleur temps sur cette distance. C’était donc raté pour ce coup ci mais qu’à cela ne tienne, un autre s’il vous plait, et que ça saute !

Mon choix se porte sur les foulées du 12e. La course a une excellente réputation, le tracé est aussi plat qu’on peut l’être, le cadre est formidable (le bois de Vincennes itself)  et les frais d’inscription sont tout à fait abordables, contrairement à l’autre 10km qui se court au même moment à quelques kilomètres de là en plein cœur de Paris (mais c’est une autre histoire).

Me voila donc au petit matin, à une heure tellement indécente pour un dimanche que je n’ose même pas l’écrire, bravant un froid polaire et un vent glacial, fonçant sur mon vélo au travers des rues désertes et ensommeillées qui descendent vers Montreuil. C’est donc la mâchoire claquante et les poils des cuisses légèrement hérissés que je me dirige vers le bois de Vincennes, que mon sens de l’orientation légendaire me permettra d’ailleurs de visiter en long, en large et en travers avant de trouver enfin le vélodrome dont j’ignorais jusqu’à l’existence 24 heures plus tôt.

L’organisation est au taquet, je récupère mon dossard en 20 secondes et après avoir déposé tout mon barda de cycliste à la consigne je me dirige vers la zone de départ. Je pars à la recherche d’une fontaine et lorsque je reviens sur mes pas, je m’aperçois que de nombreux coureurs sont déjà en position sur la ligne de départ. Je décide de les imiter car il n’est pas question de perdre 2 minutes en piétinant après le coup de pistolet. Je me place donc à quelques mètres de la ligne et sautille sur place pour rester chaud, ce qui énerve visiblement mon voisin. Je tente une vanne Carambar pour détendre l’atmosphère avec autant de succès que si je lui avais pincé les fesses et décide donc de l’ignorer et de continuer à sautiller jusqu’à ce que ça finisse par m’énerver moi-même. Le camion régie est en panne et le speaker fait de son mieux pour galvaniser les troupes au moyen d’un vieux mégaphone pourri pendant que j’essaye de me concentrer et de faire ralentir mon cœur qui bat à tout rompre de stress et d’inquiétude. J’esquisse les premiers mouvements de bras du Nhu Khí Công Quyền số mot, plus simplement appelé premier quyen de la respiration, que je suis en train d’apprendre, ce qui finit d’exaspérer mon voisin qui ne cache plus son impatience d’être débarrassé de moi mais je m’en fous un peu car aujourd’hui, c’est clair, je bats mon record sur 10 km et rien ne pourra m’arrêter. À part le vent peut-être qui souffle très fort depuis ce matin et qui inquiète beaucoup de coureurs à en croire le speaker qui n’a pas tout à fait tort lorsqu’il dit que nous sommes difficiles à contenter (trop chaud, trop froid, trop humide, trop de vent, pas assez).

Un pied devant l’autre

Puis c’est parti pour 10km de folie ! Je passe la ligne de départ 2 secondes après le déclenchement du chrono et après l’euphorie des premiers mètres, je parviens à me caler à une vitesse pas trop rapide. J’ai pris deux décisions aujourd’hui, temporiser les 2 premiers kilomètres pour ne pas me mettre dans le rouge prématurément et ne pas marcher une seule fois, même au ravito, ce qui sera une grande première. Je suis bien en jambe et passe le premier kilo assez facilement en 4’50 mais commence déjà à être très essoufflé car le rythme devant moi s’est emballé. Je temporise encore sur le second kilo et finalement après avoir eu un peu de mal à trouver mon souffle, je passe le troisième kilo en 14’42 après trois kilomètres très réguliers, tous très légèrement en dessous des 4’55. Dès que je sens arriver l’essoufflement, au lieu de ralentir, j’essaye d’étirer ma foulée et détendre mes bras, ce qui me réussit plutôt bien car je parviens à rester parfaitement dans les temps. Le 4e kilo fait mal par contre, faux plat léger mais face au vent. J’y laisse des plumes mais je parviens à m’accrocher à la foulée d’un groupe de coureuses très régulières, ce qui me permet de rester dans la course sans faiblir.

Au ravito, je suis complètement asséché. Le soleil est sorti pendant le 5e kilo et a tapé fort. Je saisi un quartier d’orange salvateur et une petite bouteille d’eau que je décide de ne pas ouvrir tout de suite. Je cale le quartier d’orange entre mes dents et ré accélère, je n’ai pas marché, je n’ai pas perdu une seule seconde et le coureur de Montigny qui me sert désormais de lièvre est toujours à quelques mètres. Je trouve une poubelle qui me permet de me débarrasser de ma peau d’orange et je parviens à boire deux gorgées sans m’étrangler et sans m’arrêter. Au 6e kilo, je n’ai que 6 secondes de retard pour passer sous les 50 et 40 secondes d’avance pour battre mon record perso.

Le coureur de Montigny est d’une régularité impressionnante, je jette des petits coups d’œil au GPS qui m’indique qu’on est toujours sur un rythme de 12,8 km/h, ce qui est parfait. Dans la descente, nous accélérons et je rattrape quelques secondes, je suis désormais parfaitement calé sur 5 minutes au kilo et enchaine les 3 kilos suivant en pile 15 minutes mais en puisant tout de même un peu dans les réserves. Si le parcours fait pile 10km ou un tout petit moins, c’est gagné, mais s’il mesure ne serait-ce que 50 mètres de plus, je ne suis pas certain de parvenir à monter le rythme car j’attaque le dernier kilo très entamé. Le vélodrome est en vue, le record est acquis, à moins d’une chute ou d’une crampe il est désormais impossible que je ne parvienne pas à passer sous les 50’41 , mais c’est très tendu pour passer sous les 50. Mon lièvre qui les visaient aussi décroche, je tente de monter encore un peu l’allure mais je suis déjà en roue libre, je pénètre sur le vélodrome à bout de forces et un bénévole me hurle que c’est bon pour les 50 mais je sais qu’il se trompe. La ligne d’arrivée est au bout de la ligne droite, mon chrono indique 49’50, je mets un dernier coup de reins mais plus je m’approche et plus la ligne recule, je vois enfin le chrono officiel qui indique 50’05, 06, 07… et merde ! Mais bon, je souris comme un gosse un matin de Noël (et y’a des preuves) car je sais que je n’ai jamais couru aussi vite de ma vie puis passe la ligne en 50’17 améliorant mon record perso, vieux de deux ans et demi, de 24 secondes.

arrivée

Je traîne un peu au ravito, copieux, puis au bord de la piste pour assister à l’arrivée des coureurs qui me suivaient dans une ambiance très détendue. Les gens sont super sympas et moi je suis super content.

Voila, ça c’est fait, il va donc falloir maintenant perdre encore quelques livres et bosser dur pour accrocher les 50’ mais en vieillissant on apprend à être patient. Pour l’instant c’est fini, je viens de m’enchaîner trois courses de 10 km en moins d’un mois, place aux courses funs de l’été.

© photos : Claude pour le SAM Paris 12