Trail de Senlis 2011

Balade picarde pour bien commencer l’hiver

afficheCe matin, je me suis aligné sur un petit trail forestier sans prétention qui renaît de ses cendres après que les organisateurs aient connu quelques déboires, il y a trois ans, lors d’une édition catastrophe qui avait vu les participants des différentes distances, confondre les parcours, se croiser dans tous les sens puis se perdre les uns après les autres. Aucune raison a priori, pour moi qui cours très (trop) peu de trails, d’aller me perdre au fin-fond de la Picardie un dimanche de décembre mais il se trouve que je suis attaché à Senlis pour des raisons sentimentales.

« La vie ne se comprend que par un retour en arrière, mais on ne la vit qu’en avant ».

Quand j’étais minot, nous grimpions de temps en temps sur la banquette en skaï de la 504 break familiale pour aller se balader en forêt.  Je n’en garde pratiquement aucun souvenir en dehors de deux cuisses couvertes de boutons après un passage dans un champ d’orties mais ce nom, Senlis, conserve une certaine douceur et reste synonyme de forêt, de fougères et de chemins étroits recouverts de feuilles mortes.

Me voila donc au milieu d’un champ herbeux,  dans une ambiance un petit peu éthérée à cause des brumes matinales. C’est beau, c’est évanescent, mais par contre qu’est-ce qu’on caille. C’est bien simple, il fait un froid de gueux. Ben vi, c’est mon blog, je cite Kierkegaard et Anne Gavalda si je veux !

L’ambiance d’avant départ est vraiment très différente des courses sur route. Un petit côté potache qui me semble cependant un brin pré-fabriqué. Cependant, nous sommes quelques très rares coureurs à ne connaître personne, ce qui semble indiquer qu’il y a une majorité de clubs et comme nous sommes très peu nombreux et qu’il s’agit de la plus longue distance, toutes les conditions sont réunies pour que je finisse dans les 10 derniers, ce qui certes n’est pas très grave mais n’a cependant rien de réjouissant. D’ailleurs  je ne finirai pas dans les dix derniers mais 244e sur 278 ce qui, soit dit en passant, n’est pas tellement plus glorieux… Néanmoins et contrairement à ce que pourrait laisser penser ce résultat un peu médiocre, je considère que j’ai fait aujourd’hui une très belle course. Et je me suis amusé comme un petit fou 🙂

Pour bien commencer, je rate le départ pour cause d’envie pressante à quelques instants de l’heure fatidique et déjà le peloton s’étire à perte de vue. Mon dernier trail remonte à il y a presque deux ans. J’avais vécu l’enfer sur le trail de la vallée de Chevreuse, l’un des plus difficiles, si ce n’est LE plus difficile de la région, couru dans des conditions dantesques, et dont j’ai gardé un souvenir très mitigé. C’est donc en promeneur que je suis venu aujourd’hui avec l’intention de ne surtout pas me mettre dans le rouge et de bien profiter du paysage.

départ

Le parcours est annoncé pour 22 km avec 600 mètres de dénivelé positif ce qui équivaut à un 28 km sur bitume plat. J’estime en avoir pour un peu moins de 3 heures. J’adopte donc une allure marathon que j’ai bien dans les jambes pour en avoir bouffé des centaines de kilomètres en préparant Vincennes mais ce matin, contre toute attente, je suis en super forme et je sens que je peux peut être grappiller quelques places de plus que les habituels semi-abandons qui marchent comme des zombis en fin de course. Je profite de la première montée pour dépasser quelques coureurs attardés puis après avoir perdu un peu de terrain sur le plat, arrive enfin la première vraie belle descente remplie de cailloux, de ronces, de racines et boueuse juste ce qu’il faut. Je décide de me lâcher et de la prendre à fond les ballons et même si je suis à des années-lumière des exploits des meilleurs traileurs qui dévalent des montagnes à 20km/h, avec le bruit des impacts sur  la terre de ma carcasse lancée à 14 km/h et le vent qui siffle dans les oreilles, ça le fait carrément !

Je dépasse un petit groupe de quatre coureurs qui descend prudemment la pente et avise ensuite un autre groupe. Malheureusement, comme je suis très lent sur le plat, les écarts se creusent inexorablement et il y a vraiment trop peu de participants à doubler. J’attends les montées et les descentes avec impatience et parviens à chaque fois à grappiller quelques places.

miklcVers le 17e kilomètre, après une belle grimpette de la butte aux Gens d’Armes, la fatigue commence à se faire sentir. J’ai beaucoup cogné dans les descentes et je commence à avoir mal au talon. Jusqu’à maintenant, j’ai réussi à reprendre une trentaine de coureurs mais le petit groupe de 4 avec qui j’ai joué au chat et à la souris restera finalement hors de portée.

Je me fais également reprendre par deux coureuses qui chassaient les féminines et qui me poursuivaient depuis un moment en fixant ma queue de cheval en pensant que j’étais l’une d’elles. Le trail, c’est pas un sport de hippies et il est vrai qu’avec mon allure de hardos sur le retour, je fais un peu tache dans le décor. La fameuse ambiance trail, c’est quand même un peu, des fois, l’ambiance 3e Rima et, c’est comme tout, faut aimer.

Sur ce, et alors que j’estime qu’il me reste une petite vingtaine de minutes de course, j’aperçois l’arche d’arrivée. Ce 22 km n’en fera finalement que 20,4 et comme je suis tout content d’être en si bonne forme, je décide de courir le dernier kilo à fond, ce qui,  pour moi, est synonyme de pas très vite, mais juste assez pour laisser dans le vent un coureur qui, visiblement n’a pas du tout apprécié, vu le regard qu’il m’a lancé quelque mètres après l’arrivée.

Voila, une bien sympathique ballade au cœur de la forêt domaniale d’Ermenonville particulièrement bien organisée et très conviviale, à ranger dans la catégorie des courses à refaire l’année prochaine, avis aux amateurs.

trace gps

© crédit photo : xtremchallenges