Bis repetita, sans heurt mais sans plaisir J’ai bouclé ce matin, non sans mal, mon second Écotrail de Paris, version courte (31 km).
Il y a deux ans, j’avais fait un compte rendu épique de cette épopée et en toute modestie, je ne crois pas pouvoir faire mieux cette année, d’autant que la course d’aujourd’hui ne fut qu’une copie carbone de celle d’il y a deux ans. Même préparation merdique, même semaine épuisante d’avant course, même manque d’entraînement, même climat (beau, chaud, printanier).
Il y a deux ans, mes péripéties m’avaient néanmoins permis de truffer mon récit d’anecdotes plus ou moins croustillantes. Rien de tel cette année, la balade fut tranquille.
Difficile aussi, bien sûr, on parle quand même de plus de trente bornes avec 600 mètres de dénivelé mais le récit risque d’être à l’image de la course : sans saveur. En effet et ça me coute de l’admettre, mais je n’ai pris aujourd’hui aucun plaisir, ni à courir, ni à dépasser ma fatigue, ni à passer la ligne d’arrivée. Pas même à améliorer mon temps de plus de 25 minutes. On ne peut pas vraiment parler de jour sans, mais ce n’était pas non plus un jour avec. C’était juste une course que j’aurais aussi bien pu ne pas courir, d’autant que je m’y suis inscrit pour de mauvaises raisons. J’y reviendrai.
Lorsque je commence à trotter, ce matin vers 10h15, sans entrain et sans ambition, j’ai surtout en tête ma prochaine course dans la Drôme dans 15 jours qui, avec ses 1100 mètres de dénivelé, devrait me poser bien plus de problèmes que cette sympathique balade champêtre. Mais j’ai aussi et surtout en tête le marasme de 2012 et l’état pitoyable dans lequel j’avais passé la ligne d’arrivée.
Mes objectifs sont simples : faire mieux qu’en 2012 (ce qui serait à la portée d’un unijambiste) ; passer la ligne dans un état de fraîcheur acceptable pour pouvoir reprendre l’entraînement très vite ; faire moins de 3h30 parce que quand même, plus de 3h30, ça serait trop.
La première partie du parcours est vraiment très agréable. C’est même plutôt mieux que dans mes souvenirs.
90% se fait en sous bois avec quelques passages compliqués et deux belles montées. Comme en 2012 les crampes arrivent vers le 14e kilomètre mais je parviens sans mal à les contenir jusqu’au ravito que j’atteins en 2h20. Finalement, en courant tranquillement et sans pousser dans les descentes, j’arrive presque 10 minutes plus tôt que la dernière fois. Je ne traîne pas trop, juste le temps de recharger en flotte, de me saturer le bide de saucisson bas de gamme et me voila reparti au petit trot. Doucement, mais sûrement. Deux kilomètres plus loin, un petit caillou dans la chaussure commence à vraiment m’enquiquiner. Je m’arrête pour le retirer et en enlevant ma chaussure, mon mollet est foudroyé par une crampe horriblement douloureuse. Je perds donc plusieurs minutes à me masser, m’étirer puis je repars en claudiquant.
L’heure tourne, les kilomètres défilent, la fatigue s’installe. Le ras-le-bol aussi, d’autant qu’il fait très chaud depuis un moment. Puis je me retrouve enfin sur les quais.
C’est plat, c’est laid, ça pue, il y a des voitures partout, nous devons courir sur des trottoirs étroits où des tas de coureurs qui ne courent plus (ou qui comme moi alternent marche et course) se suivent dans une ambiance assez détestable.
Vers le 24e kilomètre, je commence à envisager de finir en Vélib mais cette pensée ne fait que m’effleurer et parvient même à me faire sourire, alors que j’ai perdu depuis un moment l’envie d’avoir l’air content d’être là. Je ne suis pas vraiment ennuyé par les crampes mais la peur d’en avoir et le manque d’énergie et de résistance à la fatigue sont de sacrés freins. J’ai pas de mental aujourd’hui. Et puis je ne suis pas motivé, cette course ne me plait pas, je l’ai refaite parce que c’était gratos et que je ne voulais pas rester sur l’échec de 2012 mais je sens bien que j’aimerai être ailleurs, au milieu d’une vraie forêt ou sur une vraie montagne avec seulement le bruit de la nature et sans toute cette pollution qui m’arrache la gorge.
Mais bon, comme on finit toujours par en voir le bout, je passe la ligne après 3h44 de course. C’est objectivement bien mieux que mes 4h12 de la dernière fois mais je mentirai si je disais que ça me fait plaisir. Je reste loin des 3h30 espérées qui étaient très largement à ma portée. Je ne commenterai pas mon classement (2366/2680), il est très médiocre et cela n’a pas vraiment d’importance.
Voilà, je me suis donc vengé (un peu) de l’éco-trail. Mais sans panache. Et sans plaisir. Et moi je vous le dis, se farcir presque 4h de course sans plaisir, c’est ultra con. Et le pire dans tout ça, c’est que si l’année prochaine je retombe sur le bulletin d’inscription, je ne suis même pas certain que je réussirai à m’empêcher de me réinscrire.
© illustrations : Matthieu Forichon – des bosses et des bulles – Tous droits réservés
© photo : Sabine Dechaume (que je remercie particulièrement) – lepape-info – Tous droits réservés