Trail de la Drôme 2014

Une vue imprenable sur le mont Ventoux… qui se mérite !

Affiche

C’est les vacances. Enfin !

Épuisé, que dis-je, harassé (et je pèse mes mots) par 6 semaines de boulot particulièrement pénibles et après des vacances de février qui n’en furent pas vraiment, loin s’en faut, me voila enfin au vert. Et pour bien commencer des vacances quoi de mieux qu’un petit (enfin pas si petit) trail de montagne ?

Nous sachant partis vers les gorges de l’Ardèche, je me suis mis à regarder, comme ça, si des fois, par un pur hasard, y’aurait-y pas un chti trail dans les environs. J’en trouve un (j’en trouve toujours un) pas vraiment dans le coin mais pas vraiment loin non plus,  dans le département voisin de la Drôme, célèbre pour son mont Ventoux, ses truffes et son huile d’olive.

J’ai le choix entre un 15 km un peu trop court à mon gout et un 23 km dont l’organisateur dit que son parcours fait l’unanimité. Ça sera donc le 23 qui au final en ferra d’ailleurs 24,6 afin de contourner un site de nidification de vautours endémiques (ça ne s’invente pas).

Parcours

Comme souvent, je m’inscris d’abords et je réfléchis après. Le 13 avril c’est seulement 15 petits jours après l’Écotrail de Paris. Le trail de la Drôme, c’est là que se courra le championnat de France de trail en septembre et c’est 1180 mètres de dénivelé positif cumulé avec au programme le col de Milmandre puis le col du Linceuil. De la montagne quoi.

DéniveléAlors bien sûr pour les mecs qui font l’ultra trail du Mont Blanc, c’est une sortie dominicale pépère mais pour Bibi des Lilas, c’est quand même un sacré gros truc bien casse-pattes en perspective et je me retrouve donc, à quelques jours de la course, à peu près aussi inquiet qu’avant d’attaquer le trail des Vosges il y a quelques mois.

Je me fixe le même objectif que pour l’Écotrail. Il y a 6 kilomètres de moins mais 700 mètres de dénivelé de plus. Je ne suis pas tellement mieux préparé que pour l’écotrail mais je suis meilleur marcheur que coureur donc je pense pouvoir finir sans problème en 3h30 voire 3h15.

miklJe pars dernier et profite des deux premiers kilomètres pour m’échauffer en trottant. Malgré cela je suis surpris de doubler quelques coureurs qui courent encore moins vite que moi. J’ai déjà mal aux jambes lorsque j’arrive au 5e kilomètre pour attaquer la première montée. Impossible de se faufiler, je reste donc de longues minutes en file indienne à grimper très doucement, trop lentement pour pouvoir faire mon pas et je dois donc ronger mon frein avant de pouvoir enfin courir à mon rythme. La suite sera une longue succession de montées plus ou moins raides et de descentes plus ou moins techniques, le tout dans des paysages à couper le souffle et surtout une variété de végétation et de décors assez sidérante. Les panoramas sont somptueux, les sentiers escarpés, les buissons picotent les jambes, bref, c’est du trail, du bon, du comme j’aime et je me dis que si je pouvais ne plus jamais courir au milieu des immeubles HLM du 9-3 en longeant l’autoroute A3, ça serait quand même le super pied mais bon, il ne manquerait plus que je me plaigne.

Lorsque j’arrive au ravito du 11e kilomètre, je suis déjà bien entamé mais je sais que j’ai avalé le plus gros du D+. Un rapide calcul me ramène à la réalité. C’est déjà cuit pour les 3h15, tout juste jouable pour les 3h30 à condition de ne pas cramper en fin de course.

Après le ravito, c’est que du bonheur. Une descente qui n’en finit plus de descendre avec tout ce qu’il faut pour être heureux, du caillou, de la terre, une vue imprenable sur les montagnes et du soleil.

Toutes les bonnes choses ont une fin et voila qu’il faut à nouveau grimper.  Cette bosse là, dans le groupe des trainards dans lequel j’évolue, elle va faire très très mal. 170 mètres de dénivelé sur seulement 700 mètres linéaires. Ils n’avancent plus et impossible de doubler. Une fois encore je ronge mon frein alors que je suis quand même assez en forme. Je réussis enfin à passer mais au prix de nombreux efforts que je payerai plus tard.

À partir de ce moment là, je décide de ne plus trainer et de ne plus me laisser coincer par les derniers et je commence donc à remonter un par un les coureurs attardés ou éclopés, ce qui me permet de reprendre une bonne quarantaine de places au classement. La descente qui s’en suit sera terrible. Il y a désormais presque 10 kilomètres de descente au programme. Et la descente, c’est rigolo au début, fatigant au milieu, invivable à la fin quand les mollets hurlent d’arrêter. Je n’arrête pas, j’ai envie de finir en courant et je remonte encore une dizaine de coureurs qui n’en peuvent plus. Moi non plus je n’en peux plus mais je serre les dents.

Je sens un petit coup de moins bien, ça fait trois heures que je fais le yoyo dans la montagne et je commence à accuser le coup. Je me saisis de ma gourde de compote (parce que la compote, comment dire… en trail… c’est… juste indispensable). Je teste aujourd’hui la compote Isostar qui en fait n’est pas du tout de la compote mais un gel « coup de fouet » bien épais et je manque de m’étouffer en découvrant dans ma bouche cette espèce de pâte ayant la consistance d’un dentifrice périmé et en gout qui rappelle vaguement celui de la pomme, sous réserve d’avoir pas mal d’imagination. C’est dégueu mais n’empêche, ça marche pas si mal car deux minutes plus tard je suis à nouveau en train de gambader.

Arrivé en bas, nous traversons l’Ouvèze à gué et l’eau fraiche sur mes pieds endoloris est un délice. Je repars en trottant en gardant mon rythme, toujours dans les clous pour faire moins de 3h30. Mais voila, la crampe fatale arrivera à un kilomètre de la fin, et c’est en clopinant que je passe la ligne en 3h31, bien content quand même d’en avoir fini.

Arrivée

Au final, je suis plutôt mieux classé que d’habitude (707/838). Tout est relatif, comme dirait l’autre. Dans le fond du classement donc mais pas du tout au fond du trou, ce qui, vu la difficulté de la course est plutôt satisfaisant.

© Photos : Sophie
© Graphiques et trace : Trace de trail