Ça y est, me voila inscrit au Paris-Versailles, the course qu’il faut avoir fait, dit-on.
J’attendais ça avec impatience et surtout avec beaucoup de sérénité car depuis cet été j’ai décidé d’arrêter de me mettre la pression. Après tout, je cours doucement, je progresse lentement, et j’arrive enfin à me dire que c’est pas grave. Je passerai dans la première moitié des classements un jour… ou pas 🙂
Il faut dire que je me suis quand même un peu stressé les neurones pour rien en fin de saison dernière. Mes trois dernières courses avaient été l’occasion de grosses déceptions chronométriques :
Sur le semi de Valognes, j’avais fini à l’agonie, pourri de crampes et en 2h03 soit assez loin de mon objectif de 1h55/2h.
Sur le 10km du 19e c’est encore plus idiot. J’espérais secrètement approcher les 50’ alors que plusieurs amis raisonnables émettaient de sérieux doutes vu le parcours et ils avaient raison. C’est dommage car j’y ai quand même amélioré mon temps de l’année précédente de plus de 4 minutes sans même me rendre compte que c’était quand même pas mal du tout.
Enfin sur le 10km de Pantin, je faisais la course parfaite (enfin je croyais) passant enfin sous la barre des 50’ et explosant mon record sur cette distance… d’après mon GPS qui avait un petit décalage de 250 mètres avec le tracé officiel, 250 mètres que je mettrai plus d’une minute à parcourir pour finir 9 secondes au dessus de mon record.
Marre d’être toujours déçu, je décide donc de revoir mes objectifs en fonction des parcours et d’arrêter de focaliser sur les chronos, surtout qu’avec mes temps d’escargot, ça en devenait presque ridicule.
Ça fonctionne plutôt bien cet été où je teste ce nouvel état d’esprit sur une course nature où je m’éclate comme un gamin dans les flaques d’eau pour finalement faire un temps tout à fait honorable et surtout arriver vidé mais heureux.
Je me fixe donc un chrono d’1h30 pour ce 1er Paris-Versailles, parce que j’aime bien les comptes ronds. Une amie qui court généralement un tout petit peu moins vite que moi et que je bats régulièrement de quelques dizaines de secondes sur 10km avait fait 1h36 l’an dernier, donc j’estime avoir le niveau pour faire entre 1h30 et 1h35 en visant de passer sous les 1h30.
Pour cette neuvième course, petite entorse aux traditions, je vais courir en rouge et non avec mon sempiternel maillot gris fétiche que je porte à toutes les courses. Le vendredi, j’avais eu la bonne surprise, en passant chercher le maillot de mon groupe et alors que je m’attendais à un pauv’ t-shirt en coton importable avec un logo improbable, de recevoir du service des sports un super polo de running, plutôt haut de gamme avec un marquage très discret, à peine visible. Me voila donc sur la ligne de départ avec une trentaine de mes collègues. On papote, on papote et pan, un peu plus et je ratais le départ. Je me lance donc sans m’être échauffé ce qui, en vrai, ne changera pas grand-chose.
Alors un truc, le sas préférentiel c’est super trop bien entre 9h30 et 10h01 quand tu as plein de place, que tu galères pas dans la foule et que tu pars en premier juste derrière les pros. Puis c’est pourri pendant les 1h30 qui suivent et ce à cause d’une loi implacable : il y a ceux qui courent plus vite que moi (nombreux, très très nombreux) et comme ils sont tous derrière moi au départ, ils me rattrapent, et me doublent. Évidement, il ya aussi ceux qui courent moins vite que moi mais comme ils sont moins rapides, ils ne me rattraperont jamais et je ne les verrais jamais courir moins vite que moi. Résultat, je me suis fais doubler pendant une heure et demi sans jamais réussir à doubler qui que se soit, à part quelques marcheurs dans la côte des Gardes qui me rattraperont 2 minutes après. C’est un peu déprimant mais bon…
Bref revenons à la course, je pars en me calant à 11,5 km/h et je fais les quatre premiers kilos à côté des « pompiers de je ne sais plus où » qui tirent un dévidoir de 50 kilos (faut-y pas être un peu frappé) puis je finis par les perdre à cause d’une pause pipi improvisée qui me fait perdre une bonne minute. Le temps de me maudire d’avoir oublié de couper l’option pause automatique sur ma montre et c’est reparti. Les 6 premiers kilos courus un peu moins vite que sur un 10km passent comme un rêve. Il faut dire que plus plat que ça, à part la plage, je crois pas que ça existe. Et puis arrive le début de la côte et là, au moment d’attaquer, j’ai ressenti comme un frisson, puis bien décidé à ne rien lâcher, je me mets à grimper.
Les encouragements du public sont les bienvenus et la première partie, la plus dure, est enfin avalée, et à une allure plutôt décente. Je suis donc en avance sur mes prévisions. Le temps de respirer sur les 100 mètres de plat et c’est reparti, la deuxième partie est dure aussi mais ça va. Puis la troisième partie tarde à venir, je me demande si je ne me suis pas trompé car je n’ai plus les idées très claires mais enfin ça y est je suis dessus. Je dois marcher 40 secondes pour reprendre mon souffle et j’ai un début de sorte de point de côté à la clavicule (bizarre ce truc) puis enfin c’est fini et j’attaque la descente. J’ai l’impression de voler mais mon GPS m’annonce une vitesse pas si élevée que ça alors j’essaye d’allonger ma foulée, mais je suis assez nul en technique et j’ai l’impression que c’est pas le moment de tenter des nouveaux trucs alors je me contente de rester concentré et de pousser un peu le rythme.
La partie dans la forêt n’est pas si agréable que je le pensais. Une partie terreuse envoie des tonnes de poussières au passage des coureurs et me dessèche la gorge. Et puis je commence à sentir les prémisses des crampes à l’arrière des cuisses qui m’ont enquiquiné sur le semi. Je marche quelques secondes au ravito en buvant ma boisson énergétique et les débuts de crampes disparaissent et, me sentant très en forme, je décide de monter un peu l’allure car depuis un km je suis un peu en mode footing du dimanche matin. Le reste de la course se passe comme un rêve. Les panneaux disposés tous les kilomètres bien visibles sont un allié précieux et après un bref calcul je sais que je suis encore bon pour les 1h30. Arrive enfin le faux plat des 2 derniers kilomètres que tout le monde m’avait décrit comme interminable. Je me prépare donc à souffrir mais j’en ai encore sous le pied alors je monte encore un peu l’allure pour essayer de tenir un rythme proche de mon allure 10km. Le dernier kilo est difficile mais les poses photos permettent de rompre la monotonie puis enfin l’arche d’arrivée se profile et au loin je vois le camion chrono qui m’indique 1h29 déjà bien passée. What ? Ah non ça serait trop con, alors je tape un sprint et je passe la ligne heureux comme un gosse. Voilà, c’est la première fois que j’arrive à faire très précisément ce que j’avais prévu, que j’atteins un objectif chiffré et que mes prévisions tombent justes. Et tout ça dans un état de fraicheur tout à fait raisonnable.
Du coup dans l’euphorie de cette course, j’ai imprimé et rempli mon bon d’inscription pour le semi de Boulogne dans un mois et demi. Les aventures de « Mimi fait de la course à pied » continuent…