Les 20 km de Paris en mode mouillé

Pieds de plomb, déluge et mauvais chocolat

logo 20 km de Paris 2012J’avais pas, mais alors pas du tout envie d’y aller ! Je me suis donc fait violence comme jamais. Il faut dire qu’ayant déjà planté le Paris-Versailles 15 jours plus tôt,  je ne pouvais pas décemment me permettre de renoncer deux fois de suite, au risque de me griller définitivement avec le service des sports qui finance généreusement mes inscriptions aux courses populaires parisiennes depuis plusieurs années.

Sauf qu’en tout état de cause, je n’étais absolument pas en état pour enquiller 20 km dans de bonnes conditions. Je me suis donc rendu à cette grande fête de la course à pied avec les cinq kilos pris cet été et jamais reperdus, un coupe-vent dérisoire pour lutter efficacement contre les conditions climatiques exécrables de ce dimanche, le moral dans les chaussettes après le plantage de mon niveau 3, très fatigué, mal entraîné et bof motivé.

Je me traine donc péniblement vers le pont d’Iéna et découvre un nouveau système de sas pas très au point. Des bénévoles visiblement sur les dents me disent d’aller plus loin et lorsque je m’engage sur le pont, c’est la pagaille totale. Une jeune femme en vélib essaye de se frayer un chemin au milieu d’une nuée de coureurs qui essayent d’aller vers le champ de mars alors que des Parisiens et des touristes en parapluie tentent de faire le chemin inverse.

fouleAprès avoir un peu joué des coudes, je me rends à l’évidence, ça ne passera pas. Nous sommes complètement bloqués. Des coureurs commencent alors à forcer les barrières et s’engouffrent mais des bénévoles viennent les bloquer. Mouvement de foule. À gauche des grilles. À droite le vide, l’eau froide, les zodiacs de la Protection Civile qui patrouillent. Entre le deux, moi, bloqué au milieu d’une foule qui ne cesse de grossir et de pousser de part et d’autres et pour être tout à fait honnête, je n’en mène pas large et commence à vraiment regretter de ne pas être resté au chaud sous la couette.  Expérience très déplaisante.

Je reste donc bloqué comme ça plus de vingt minutes avant de pouvoir enfin passer de l’autre côté et rejoindre l’arbre dont je rêvais en trépignant. Quand je reviens sur le pont d’Iéna, c’est la désolation. Il ne reste plus que des milliers de sacs poubelles éventrées et des vieux tee-shirts usés, abandonnés là par les dizaines de milliers de coureurs qui m’ont précédé.

Je passe la ligne de départ parmi les derniers et il me faut quelques minutes pour me sentir vraiment dans la course. J’ai l’intention de courir pépère, à allure semi-marathon, sur les traces de mon temps de référence sur la distance et me cale donc à 5 mn 40 au kilomètre avec comme objectif de faire 1h52. Sans pression. L’an dernier j’avais déjà participé aux 20 km de Paris mais en mode « balade » dans le cadre de ma prépa marathon et j’avais emballé l’affaire en 1h57 sans forcer. Faire plus serait une énorme contre-performance.

MiklAprès la première côte, toujours un peu pénible sur cette course, je me cale sur cette vitesse qui, bien que relativement lente, est très difficile à maintenir à cause de la foule de coureurs  encore plus lents qui jonchent la queue de peloton. C’est donc parti pour un immense slalom qui durera pratiquement toute la première partie de la course et me pompera le peu d’énergie que j’avais réussi à concentrer sur cette matinée.

Il pleut à torrent, il caille, il fait gris et sombre, le sol est glissant et malgré cela, je suis plutôt pas trop mal dans ma course et avale les premiers kilos avec un certain plaisir. C’est plat, c’est beau, c’est parfaitement organisé et balisé, il y a à boire à manger en quantité tous les 5 km et Je passe les 10 km en 56 minutes et des brouettes, frais comme un gardon, parfaitement calé pour finir en 1h52 voire moins si je parviens à pousser un peu sur la fin.

C’est plutôt rassurant quand on sait que je n’ai pas fait une seule séance de travail à cette allure depuis le mois de juillet…

pluie

Au 14e kilo, je commence à avoir mal aux canes et mes pieds lancent les premiers signaux de crampes. Normal vu mon entraînement très sommaire de ces dernières semaines. Comme il n’y a aucun enjeu, aucun record à battre, aucun exploit à envisager et personne à impressionner, je décide de lever le pied et de renoncer à faire un temps décent.

Je marche une petite minute au dernier ravitaillement pour faire passer les débuts de crampes et prendre le temps de me réhydrater. Je repars sur la même cadence mais au 17e je suis de nouveau contraint de lever le pied car je commence à les sentir revenir, perfides, et avec elle le souvenir de mon calvaire sur l’Éco-Trail qui m’empêche de prendre l’initiative et d’accélérer. Au 19e kilo, je retrouve enfin assez de fraicheur pour accélérer un peu sur la dernière ligne droite mais le verdict du chrono est sans appel, 1h55. Bof. Je me place donc dans le ventre mou du classement : 14716e sur 22792, moins bien que l’an dernier finalement, malgré un meilleur chrono, mais cela n’a pas vraiment une grande importance.

La suite est moins rigolote car il faudra ensuite piétiner une bonne dizaine de minutes pour avoir une bouteille d’eau et encore dix de plus pour avoir un financier, une compote et une tablette de chocolat noir à peu près immangeable. Et une médaille.

© crédit photo : SD (Lepape-info.com) – Le Figaro