Où comment, 9 ans après, j’ai enfin fait tomber mon record sur 10 km…
J’ai commencé à raconter mes courses sur ce blog il y a maintenant un peu plus de 12 ans. Le premier article que j’ai publié concernait mon premier duo aux 24 heures du Mans roller mais dès le second, je me suis mis à raconter mes courses.
Dans la foulée, j’ai rédigé quelques articles thématico-autobiographiques qui ne sont pas ce que j’ai écrit de plus intéressant ni d’indispensable mais que je ne me suis jamais résolu à effacer et que je mets à jour à intervalles réguliers. Bizarrement, je n’ai jamais retouché à celui sur la course à pied. Pour ceux qui ne l’ont pas lu (je ne vous en veux pas), il se termine ainsi : « Toujours un peu plus vite. Même si ça doit me prendre 10 ans je courrai vraiment un vrai 10km en moins de 50′. Et après je trouverai autre chose. »
De mémoire j’avais écrit ça en 2011, un peu après mon énième tentative pour devenir sub 50. J’avais battu mon record, ce qui aurait dû me réjouir mais j’étais déçu. Et je n’ai plus jamais réessayé sérieusement depuis. J’ai essayé d’essayer une fois. J’ai attaqué un plan d’entrainement sérieux mais c’était en hiver, il neigeait tout le temps, le sol était verglacé, c’était compliqué et j’ai lâchement laissé tomber.
Après cela, je n’ai plus très souvent amélioré mes temps de cette année-là. Une seule fois en fait, par hasard, sans le faire exprès, sur les 20 km de Paris en 2016. Quant aux 10 km, j’en ai recouru une dizaine mais le plus souvent à l’arrache, mal ou pas entraîné et à part un bon souvenir en 2014 dans le 19e, aucun n’est passé à la postérité.
J’avais quasiment fait une croix dessus jusqu’au confinement. La course à pied étant à peu près la seule activité encore possible et légale, j’ai couru. Beaucoup. Enfin beaucoup plus que d’habitude. Un jour sur deux, sans jamais faillir. 1h toute ronde. Dura lex, sed lex. Les semaines passant, je sentais bien que j’avais retrouvé et sans doute dépassé mon niveau de 2011. Et j’enrageais de ne pouvoir valider cette intuition par un chrono sur une course.
Rassuré par mes derniers entrainements, je m’inscris donc sur les 10 km de Joinville qui se courent 3 semaines après le triathlon de Carentan. Et comme d’hab, il est annulé 3 jours après que je me sois inscrit. Je n’ai pas le temps d’être triste, le jour même je reçois un mail de la ville de Paris qui me propose un dossard pour les 10 km de l’Hexagone.
J’hésite un peu. Ce 10 km, Je l’ai déjà couru en 2016, j’y avais fait mon pire temps sur la distance. Le parcours n’est pas bitumé partout et ça n’arrête pas de tourner dans tous les sens et surtout de monter et descendre. Et par ailleurs, on ne peut pas doubler sur certains passages très étroits. Par contre, ça se termine par un tour de stade et ça pour sprinter, c’est top, j’avais bien aimé.
Bref, c’est gratos, c’est pas loin, c’est la seule course maintenue à 150 km à la ronde, alors go.
C’est le jour J
J’arrive très en avance et après avoir récupéré mon dossard, je somnole à l’ombre d’un arbre sur les pelouses d’Auteuil. J’ai fait une semaine assez light, j’ai bien dormi, bien mangé, beaucoup bu, je suis en forme. Les conditions ne sont vraiment pas idéales, il fait chaud (la course est à 18h) et le soleil cogne (un peu). Mais ça va. Je décide de participer à l’échauffement collectif (ce que je ne fais jamais d’habitude) puis me dirige vers le départ avec le meneur d’allure 50 minutes que je compte marquer à la culotte pendant 9 km en espérant pouvoir accélérer un peu sur le dernier. 49’59 me suffiraient largement mais 50’01, même en battant mon vieux record, serait une vraie déception.
C’est parti
Le meneur d’allure est ultra sympa. Je me cale à un mètre de lui et trotte gentiment, surpris d’être aussi facile. Je rentre immédiatement dans la course et il m’évite de partir trop vite comme trop souvent. Au bout de 3 km la sensation de trop grande facilité s’accentue. Ma vielle montre GPS n’est pas très fiable mais ma ceinture cardio confirme mes sensations et m’indique que j’ai beaucoup baissé en intensité. Le gars explique à un coureur qu’il ralentit un peu car ça ne suit pas derrière et qu’il rattrapera plus tard. Ça ne me convient pas du tout, d’autant qu’on commence à vraiment se trainer. J’hésite à le lâcher, c’est un peu suicidaire mais je décide de laisser les jambes décider et je ré accélère. Je n’ai plus personne pour me couper du vent et me donner l’allure mais je sens que c’est ce que je dois faire.
Les indications de vitesse de la montre sont mauvaises mais j’ai le tempo dans les jambes et le cardio m’évite de partir trop vite. Je me suis tellement souvent cramé que je préfère la jouer très raisonnable. J’ai peut-être les 48 min dans les jambes, mais je ne suis pas encore sûr de mon endurance. Je sens qu’elle sera suffisante mais là encore je préfère rester raisonnable et rester à 5 minutes au kilomètre et tout miser sur le dernier kilo.
Je passe la ligne des 5 km en 25’15. Le petit ralentissement du meneur nous a mis dedans de 15 secondes. Il finira d’ailleurs en plus de 50’30. Sans lièvre, et avec déjà beaucoup de retard, ça sera bien plus dur mais ça reste jouable. Je suis assez facile, ça glisse tout seul et les kilomètres défilent sans problème. Je double, personne ne me double. On n’est pas très nombreux, 5 fois moins qu’en 2016 donc aucun bouchon. Le sol est pourri mais je sors d’un mois de course en montagne et falaise donc ça passe comme dans du beurre. Il ne fait même pas si chaud que ça et le parcours est bien ombragé. Bref, ça dépote. Je regagne une à deux secondes par kilomètre et me prépare avec une pointe d’appréhension au mur du 7e kilomètre.
On y est, 7e kilo. Pas de mur, rien, je suis clairement en dessous de mon max mais comme je suis aussi largement dans les temps pour le record et pour le sub 50 min, je ne change rien.
Le 8e est avalé comme les autres mais tout d’un coup, je sens que ça force et que je ralentis. Mon pouls est monté d’un coup et je suis essoufflé. Purée, ça monte. Un sale faux plat comme ça devrait être interdit sur un 10 km. Je me dis que j’en ai assez sous le pied pour ne pas décélérer alors je continue à pousser. Ça dure et c’est dur mais ça passe. Je passe au 9e kilomètre en 45’15. Toujours ces 15 fichues secondes mais pas une de plus, objectif atteint.
C’est parti pour le kilomètre de vérité. Je ne regarde plus la montre. Tout va se faire au souffle, tant que j’ai de l’air, je pousse. C’est dur mais pas horrible. Je serre les dents jusqu’à l’entrée de la piste. Ça y est, j’y suis. J’ai trop forcé, je sens que je commence à être borderline. Je temporise un peu car je veux absolument finir au sprint. À 100 mètres de la ligne, je suis gêné par deux coureurs, tant pis, je passe en force, lance le sprint et passe la ligne en apnée.
C’est fait, je lève les bras et crie avec rage comme si je venais de gagner une course olympique. N’ayant jamais eu peur du ridicule je ne me préoccupe pas du tout de ce que peuvent en penser les gens qui m’entourent (qui très probablement n’en pensent rien d’ailleurs). Je regarde la montre qui confirme ce que je sais déjà. 49’36. J’ai passé le dernier kilomètre en 4’20. J’ai explosé mon record et suis enfin sub 50. Je m’offre même le plaisir rare d’un classement décent (161e/374).
Bref, chuis bien content 😀