La course du Run 2011

Tour VaubanAprès des jours de grisaille, de bruine et de vents glacés (si, si, glacés les vents, Sibériques même), le ciel daigne enfin se dégager (un peu) sur le Nord-Cotentin et c’est dans la douceur d’une après-midi enfin estivale que je m’aligne pour la troisième année consécutive sur la course la plus sympa qui soit : la course du Run, aussi appelée les traversées de Tatihou en référence au festival de musique éponyme qui a lieu chaque année sur l’île vers la fin du mois d’août.

Arrivé sur la plage, première surprise, la course part du fond de la plage et fait une boucle devant la cale. Le speaker annonce également que le parcours a été rallongé de 600 mètres, probablement pour étirer le peloton sur le plat afin d’éviter la pagaille mémorable de l’arrivée de l’an dernier. En soi, c’est plutôt une bonne nouvelle. Crédité d’un chrono fantaisiste en 2009, privé de ligne d’arrivée en 2010, la session 2011 serait-elle la bonne ?

Je rejoins le départ assez mollement et je suis un peu attristé de constater que je ne suis pas tellement content d’être là finalement. Je suis toujours très crispé au moment de prendre le départ d’une course mais là c’est différent, je suis vraiment claqué et je n’ai pas du tout envie de me taper dedans. La fin d’année a été exténuante et j’ai probablement laissé plus de forces que je ne veux bien l’avouer dans ma ballade à vélo pour descendre en Normandie (oui madame, moi je monte à la Ville et je descends en Normandie). J’ai très peu couru ces dernières semaines et je n’ai pas encore vraiment récupéré malgré un enchaînement pourtant spectaculaire de grasses matinées. Je sais d’avance que ça va être très dur (c’est toujours dur) et je n’en ai pas tant envie que ça. Mais bon, puisque j’y suis, autant y aller et, quitte à y aller, autant y aller franchement.

C’est parti

Chaque année cette course est un supplice, mais alors là c’est le pompon 😀 Je me mets dans le dur en moins de vingt secondes, ma foulée a la grâce d’un  pachyderme et les encouragements de mes chéries quand j’atteins la cale me donne juste ce qu’il faut de jus pour ne pas finir aussitôt en queue de peloton. Arrivé aux flaques, je n’éprouve aucun plaisir à gambader dedans, trop de fatigue s’est accumulée, je souffle comme un bœuf et je me fais  tellement doubler que j’ai l’impression que le peloton entier est en train de me passer dessus. Cette impression de reculer me rappelle un peu l’Ice Trail et sa boue gluante sauf que là, c’est mes jambes qui n’avancent pas. Y’a des jours comme ça.

La course du Run

Arrivé sur l’île, mes poumons sont en feu, je manque de m’éclater par terre à deux reprises sur les cailloux et j’avance tant bien que mal sur la plage en perdant encore de nombreuses places. Arrivé sur la monotrace herbeuse, une coureuse relativement lente impose une baisse de rythme à tous les suiveurs qui hésitent à la/nous doubler. Cela me permet de reprendre un peu d’air et j’attaque la petite boucle dans le sable mouillée (encore une nouveauté) un chouia plus frais qu’en sortant de l’eau. Dans le RunEntre temps, les sensations reviennent enfin dans les jambes mais comme je suis déjà dans le rouge depuis un moment, la machine a du mal à retrouver un rythme normal. Je rentre dans le fort en priant pour que le ravito soit à sa place car comme chaque année j’arrive ici complètement cramé. Y y’est. Je marche au moins une minute en prenant le temps de bien boire, ce qui me permet de retrouver une seconde jeunesse. J’arrive enfin à dérouler ma foulée et je remonte consciencieusement et un par un tous les coureurs qui me sont passés devant pendant que je me restaurais. Un junior passe devant moi comme une fusée, je m’accroche à sa foulée et remonte une vingtaine de coureurs avant de le laisser filer. Le second passage dans les flaques est cette fois rafraichissant et une fois sorti de la partie encore un peu immergée, je parviens à monter un peu le rythme et à remonter un par un les coureurs qui semblent tous souffrir beaucoup à ce stade de la course. Sur la plage, je gagne encore quelques places et retrouve le groupe avec qui j’ai couru le premier kilomètre. Sur la plage, j’ai enfin un rythme de course normal qui me permet de refaire une partie de mon retard en remontant beaucoup de coureurs mais le mal est fait, ma montre indique un chrono décevant et après un ultime effort pour remonter la cale et prendre le virage à 280° qui casse les genoux, je réussi à me trainer jusqu’à la ligne d’arrivée que je passe avec une tête de déterré dans un état de mal être général qui mettra plusieurs heures à disparaitre.

ArrivéeJ’ai l’agréable surprise d’être dirigé sans problème vers un sas libre, l’arrivée est fluide, bien organisée et après un court temps d’attente j’atteins le ravito qui est encore bien garni. Tout était parfait cette année, y’a que le bonhomme qui dysfonctionnait.

Au final, je boucle l’ensemble en 43 minutes et des brouettes, mon chrono me donnant à peu de choses près le même temps que l’orga qui m’annonce une 491e place (sur 795) soit à peu de choses près la même  performance que l’an dernier, à peine mieux, mais pas pire. Comme quoi…

Ban, bah là ça y est, je vais enfin pouvoir me reposer. Enfin pas demain, demain, c’est férié, c’est le 15 août, et quitte à être réveillé à 7h du mat par la fanfare du village, autant en profiter pour aller se faire une petite épave, non ?

© photos : Sophie / Normandie course à pied (que j’en profite pour remercier)